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"Nous t'aimons princesse", peut-on lire vendredi sur une tombe au ciment encore frais. C'est celle d'une fillette de trois ans parmi la centaine de victimes du glissement de terrain qui s'est produit à Las Tejerias dans le centre-nord du Venezuela.
Une délégation des Nations unies s'est rendue vendredi dans la ville de 50.000 habitants, dévastée samedi 8 octobre par des coulées de boue qui ont tout emporté sur leur passage: maisons, arbres, pierres et voitures.
"Dans l'immédiat, nous avons de l'aide que nous allons mettre à disposition", a déclaré aux journalistes Abubacar Sultan, représentant de l'UNICEF et chef de la délégation venue également évaluer la situation et coordonner son action avec les autorités.
Le ministre de l'Intérieur, Remigio Ceballos, qui avait annoncé jeudi que 50 corps avaient été "remis" à leurs proches, a précisé vendredi à l'AFP que les autorités maintenaient pour le moment le nombre de disparus à 56 mais que ce chiffre pourrait être moindre.
Pendant ce temps, les travaux de nettoyage et de rétablissement de l'électricité se poursuivent dans la ville, tandis qu'une grande partie des débris et de la boue qui s'y est entassée a été enlevée des rues principales.
Toutefois, nombreux sont les habitants de Las Tejerias qui continuent de dégager de la boue et de l'eau de leur maison.
Des équipes des compagnies d'électricité et de téléphonie s'affairent pendant que des camions-citernes font des navettes pour distribuer de l'eau. Certains commerces ont même rouvert leurs portes.
Et le cimetière d'où émane une odeur putride connaît une activité peu commune dans cette petite ville bâtie à flanc de montagne. Sur les 50 corps retrouvés, 16 ont été enterrés, selon les employés du cimetière.
"C'était triste", raconte l'un d'entre eux, qui demande à ne pas être nommé, en dégageant des broussailles. "Celui-là appartient à une petite fille de trois ans qui a glissé des bras de sa mère lorsque la tragédie s'est produite", ajoute-t-il, désignant la tombe recouverte d'un carrelage bleu où la petite fille a été enterrée jeudi.
A quelques mètres de là, un monticule de terre surmonté d'un petit bouquet de fleurs recouvre la tombe d'un couple âgé.
Deux autres enterrements sont prévus pour ce vendredi, mais il faut attendre l'identification des corps par la médecine légale.
Raul Borges ne sait pas quoi faire ni à qui s'adresser. Il a trouvé sa femme morte dans la rivière et lorsqu'il est allé chercher le corps à la morgue, on lui a dit qu'il avait déjà été remis... "Ils disent qu'ils ne l'ont pas", explique cet homme de 67 ans aux yeux rougis.
- "Il a été emporté" -
Des zones entières restent inaccessibles.
Mercredi, des hélicoptères militaires ont largué des colis de nourriture.
"Tout s'est passé en quelques secondes", raconte Jesus Chavez, un survivant âgé de 32 ans. "Nous avons réussi à sauter de toit en toit. Les gens criaient +Au secours ! Au secours!+"
"J'ai essayé de tendre un tuyau à un garçon (pour qu'il s'y accroche). Mais il n'a pas pu s'en sortir. Le courant était trop fort. Il a été emporté", poursuit-il, assurant être tout de même parvenu à sauver six personnes, dont une femme qui a "perdu ses deux bébés, parmi lesquels un de quelques mois".
Les autorités ont mis en place des centres d'accueil pour les personnes affectées qui seront provisoirement aussi placées dans des logements sociaux dans d'autres régions du Venezuela.
M. Sultan, qui a visité La Tejerias avec la vice-présidente Delcy Rodriguez, a déclaré que les agences onusiennes "fournissent un soutien technique et tous les éléments possibles pour contribuer".
Il était accompagné de représentants de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS) - qui a déjà fait don de médicaments et de tablettes de purification de l'eau, de l'Agence pour les réfugiés (HCR), du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
"C'est un effort articulé, coordonné (...) où tout va être très organisé pour que tous ces mécanismes qui ont été établis pour la récupération de Las Tejerías soient renforcés par les Nations unies", a déclaré Mme Rodriguez.
C.Masood--DT