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"On peut vous aider?" Devant une maison ravagée de Swannanoa, dans les montagnes du sud-est des Etats-Unis, deux hommes avec des pelles proposent d'aider à dégager l'épaisse couche de boue laissée par l'ouragan Hélène.
Vincent Floriani ne dit pas non. Il est venu récupérer les affaires de son locataire, hospitalisé après avoir fui pendant les inondations. Sur les murs de la maison, une marque horizontale à quelques centimètres seulement du plafond témoigne de la montée des eaux. Au sol, il reste 15 centimètres de boue.
"Tout est complétement dévasté", dit-il à l'AFP, coiffé d'un chapeau de cow-boy. Vendredi dernier, son locataire a réussi à s'échapper des eaux en furies en nageant jusqu'à rejoindre un toit, où quelqu'un l'a récupéré en kayak, sans téléphone ni papiers ou autres vêtements.
Vincent Floriani et d'autres l'ont recherché longtemps. Six jours après le passage d'un ouragan qui a semé la mort et la dévastation des côtes de Floride jusqu'à ces montagnes de Caroline du Nord, son locataire l'a finalement appelé.
"Le coup de fil le plus heureux que je n'ai jamais reçu", assure-t-il aujourd'hui, les pieds dans la boue.
- Pas d'assurance -
Dans toute la région, largement privée d'eau courante et d'électricité, les scènes de solidarité se répètent à l'envi, à la mesure de l'immense choc qu'a provoqué l'ouragan.
Au moins 212 personnes ont été tuées, dont 72 dans le comté comprenant Swannanoa et la ville voisine d'Asheville, survolée mercredi par le président américain Joe Biden.
Hélène est ainsi le deuxième ouragan le plus meurtrier à avoir frappé les Etats-Unis en plus d'un demi-siècle, après Katrina en 2005. Des scientifiques ont lié son intensité au réchauffement des mers provoqué par le changement climatique.
"Ces maisons sont là depuis un siècle, et il n'y a jamais eu d'inondation comme ça", reprend Vincent Floriani. "C'est incroyable que ce soit arrivé si vite, que tant de monde ait tout perdu - et quasiment personne n'avait d'assurance inondation, parce ça n'arrivait pas."
- "Tout le monde s'entraide" -
Une semaine après le sinistre, le beau temps est revenu, les carcasses de voitures et débris en tout genre ont été dégagés des principales routes mais la vie est loin de pouvoir reprendre son cours.
A quelques centaines de mètres de l'allée couverte de boue où s'affaire M. Floriani, la maison de Shelby Holzhauser a été épargnée de justesse.
Désormais, cette jeune mère de famille doit, pour tirer la chasse d'eau dans les toilettes, aller remplir un grand seau à la rivière toute proche. Pendant qu'elle parle, son mari branche le groupe électrogène fourni par son employeur, ce qui leur permet de cuisiner.
Un peu plus loin, quelques hommes tiennent un stand avec des produits de première nécessité sous le toit d'une station-service hors d'usage.
"Tout le monde s'entraide, se serre les coudes", dit avec fierté Shelby, vêtue d'un t-shirt rouge et de bottes de cuir.
D'habitude, "travailler, travailler, travailler, c'est tout ce que tu peux faire pour survivre, (...) payer tes factures", raconte cette institutrice de 23 ans qui a toujours vécu dans ce massif des Appalaches. "Mais depuis le désastre, je me suis rapprochée de mes voisins. Ils sont descendus nous voir, s'assurer que nous avions ce dont nous avons besoin."
- Star Wars -
Dans le champ d'à côté, des hélicoptères atterrissent à la chaîne dans un bruit assourdissant.
Un peu plus loin, une zone avec des mobil-homes servant d'habitations, typique des zones rurales pauvres aux États-Unis, a été entièrement balayée. Les logements ont été déplacés, leurs vitres fracassées. A travers une cloison éventrée, on aperçoit une guirlande de Noël rouge et un vêtement d'enfant avec le logo de "Star Wars". Il n'y a plus personne.
Le président Biden a envoyé un millier de soldats supplémentaires pour aider à la reconstruction, après avoir été critiqué par Donald Trump pour un supposé retard de l'aide fédérale.
A Swannanoa, l'aide "a été super", salue sans hésiter Shelby Holzhauser. A 20 mètres de sa maison, de nouvelles canalisations d'eau sont en train d'être installées, tandis qu'un tractopelle répare une route défoncée.
L'institutrice, en regardant cette armée de techniciens, ne se fait pas d'illusion: "Ça va prendre un moment avant qu'on se rétablisse".
G.Gopalakrishnan--DT