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Les secours en Afrique du Sud luttaient jeudi dans des conditions difficiles, avec des routes coupées et des ponts effondrés, pour apporter l'aide à ceux frappés par les inondations catastrophiques qui ont fait plus de 300 morts et de nombreux disparus.
Les fortes pluies ont fait 306 morts, la plupart dans la région de Durban, grand port africain de la province du Kwazulu-Natal (KZN) et épicentre des intempéries qui ont commencé le week-end dernier. L'état de catastrophe a été déclaré.
Des hommes et des femmes ont péri noyés; des enfants et des bébés sont morts ensevelis dans des glissements de terrain. Plus de cent corps ont encore été déposés la nuit dernière à la morgue de Phoenix, dans la banlieue de Durban.
"C'est trop", a déclaré à l'AFP un des employés qui a souhaité gardé l'anonymat. Il a décrit des files de familles venant apporter leurs morts. Les enterrements ont été interdits jusqu'à ce que le sol gorgé d'eau se stabilise.
Les pluies, qui ont atteint des niveaux jamais connus depuis plus de 60 ans, ont emporté des ponts, des routes et isolé une grande partie de la région en bordure de l'océan Indien. Plus de 250 écoles ont été touchées, des milliers de maisons détruites.
Une vingtaine d'hébergements d'urgence ont été ouverts, accueillant plus de 2.100 personnes sans foyer, selon les autorités.
Dans l'attente d'être secourus, des milliers de survivants se sont sentis livrés à eux-mêmes. "Il n'y a personne ici qui puisse nous aider", a lâché Thobele Sikhephen, 35 ans, devant sa maison en tôle pleine de boue dans un township.
Des manifestations sporadiques ont éclaté pour réclamer de l'aide. La ville de Durban a appelé dans un communiqué "à la patience", les opérations de secours étant ralenties "en raison de l'étendue des dégâts sur les routes".
Déblayés avec des pelleteuses, certains axes ont été rouverts mais la plupart des routes sont encore inaccessibles, jonchées de débris ou noyées dans une eau brunâtre.
Les autorités ont demandé aux populations d'éviter autant que possible tout contact avec cette eau potentiellement "contaminée".
- Quatre jours -
Dans le township d'Amaoti, dans le nord de Durban, où la plupart des habitations sont faites de plaques de tôle ondulée ou de planches de bois, des grappes humaines ont rempli des seaux d'eau potable puisée à même des canalisations mises à nu après l'effondrement d'une gigantesque portion de route.
Dans certaines zones, l'eau et l'électricité sont coupées depuis quatre jours; tout manque. Les autorités locales ont lancé un appel aux dons de produits alimentaires non périssables, de bouteilles d'eau et de tout ce qui pourrait tenir chaud.
De nouveaux pillages ont été signalés. Des images de caméras de surveillance partagées sur les réseaux sociaux ont montré des personnes raflant des marchandises sur des rayons de supermarchés.
Au port, des grues ont remis en ordre les immenses conteneurs métalliques ballotés la veille par les pluies jusque sur l'autoroute. La région a déjà connu des destructions massives en juillet lors d'une vague sans précédent d'émeutes et de pillages.
Les prévisions annoncent des orages et des risques d'inondations localisées pour le week-end de Pâques. Ces nouvelles intempéries devraient aussi affecter les provinces voisines du Free state (centre) et de l'Eastern Cape (sud-est).
Les autorités ont évoqué "une des pires tempêtes de l'histoire du pays". Le président Cyril Ramaphosa a déploré "une catastrophe aux proportions énormes".
Certains pays d'Afrique australe sont régulièrement en proie à des tempêtes meurtrières pendant la saison cyclonique de novembre à avril. Mais l'Afrique du Sud est généralement épargnée par ces événements climatiques extrêmes.
H.Sasidharan--DT