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"Je suis en nage": 14 départements d'Ile-de-France et du Centre-Val de Loire resteront en vigilance orange canicule samedi, un épisode de chaleur, inédit si tard dans l'année, qui contribue à générer une pollution importante de l'air à Paris.
Les Français ont passé une étrange semaine de rentrée, des enfants suant dans leurs classes aux vignerons forcés de vendanger la nuit. Le match d'ouverture de la Coupe du monde de rugby, vendredi soir à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), se jouera donc dans une atmosphère chaude (28°C en soirée) et polluée, après une semaine où Paris a connu plus de 30°C chaque jour, comme dans de nombreuses régions de France.
"Regardez, j'ai à peine marché quelques minutes et je suis déjà en nage", s'exclame Pascale Guyon, retraitée de 64 ans qui ne sort plus sans sa gourde. Chez elle, dans la commune de Charenton-le-Pont (Val-de-Marne) à l'est de Paris, impossible de faire des courants d'air et, dans le métro, la chaleur est intenable.
"Je fais des heures et des heures de ménage dans la journée et avec les déplacements dans le bus et le métro, c'est trop de fatigue", abonde Aroiri Reygaya, femme de ménage à domicile de 60 ans rencontrée dans le XXe arrondissement.
La capitale a mis en place son plan destiné aux populations vulnérables (séniors, enfants, SDF et personnes en situation de handicap), avec des tournées d'appels effectuées par des médecins et bénévoles et des maraudes renforcées. Parcs, piscines et dispositifs d'accueil de jour ont vu leurs horaires élargis.
Les températures maximales atteindront 33 à 36 degrés, avec des pointes à 37 en Centre-Val de Loire où des records mensuels de températures maximales sous abri ont déjà été observés jeudi. A Orléans, chef-lieu de la région, les quatre musées de la ville sont ouverts gratuitement vendredi.
Et les températures nocturnes vont même augmenter, selon Météo France. Une suite exceptionnelle au 4e été le plus chaud jamais mesuré en France, et le plus chaud au niveau mondial. Le dernier bulletin de Météo France, peu après 16H00 vendredi, confirme la vigilance orange canicule sur 14 département du Centre et de l'Ile-de-France, avec jusqu'à 37 degrés, mais prévoit aussi de fortes températures sur le nord de l'Auvergne et jusque dans les Landes.
- "Baisse significative" lundi -
Dimanche, les températures devraient rester encore élevées, "quoique possiblement en légère diminution, avant une baisse plus significative à compter de lundi", précisait Météo France vendredi matin, en indiquant que "c'est la première fois qu'une vigilance orange canicule est déclenchée au-delà de la période estivale".
Selon les climatologues, le réchauffement climatique d'origine humaine rend les canicules plus fréquentes et plus sévères, mais aussi plus précoces et plus tardives.
Trente-six autres départements, majoritairement dans la moitié nord du pays, sont en vigilance jaune. Les fortes chaleurs entraînent une augmentation des niveaux de pollution dans plusieurs régions.
Plusieurs préfectures, à Paris, dans les Hauts-de-France, en Bretagne ou en Occitanie, ont réduit la vitesse de circulation et interdit des brûlages à l'air libre, sans déclencher la circulation différenciée.
La transformation d’oxydes d’azote et de composés organiques volatils sous l’effet d’un fort ensoleillement, de températures élevées et d’un vent faible empêchant la dispersion des gaz d'échappement des voitures et camions génère de l'ozone. Ce gaz nocif en basse altitude provoque problèmes respiratoires et crises d'asthme.
- Danger ozone -
Pour Sidibé (qui n'a pas souhaité donner son nom de famille), déménageur rencontré par l'AFP à Charenton-le-Pont sur le chemin de la crèche de ses enfants, "c'est horrible". "Je fais des allers-retours jusqu'au cinquième étage pour descendre des meubles ou des frigos sans ascenseur! Quand il fait trop chaud comme ça, ça m'empêche de respirer", ajoute cet homme de 36 ans qui rencontre déjà des "difficultés respiratoires".
Depuis mercredi, "un vent faible empêche la dispersion de la pollution" en Ile-de-France, selon l'organisme Airparif qui estime qu'aucune amélioration "franche" n'est à attendre avant le début de semaine prochaine.
Cet épisode "aussi tardif dans la saison estivale est rare", ajoute cette association régionale de surveillance de la qualité de l'air, soulignant "les liens étroits entre pollution de l'air et changement climatique".
Dans l'Ouest, l'ozone s'ajoute aux particules PM10 (diamètre inférieur à 10 microns, souvent générées par les chantiers, le chauffage et les usines) et aux poussières de sable du Sahara apportées par le vent, remontées jusqu'à Rennes où une fine couche de poussière rougeâtre recouvre les voitures stationnées.
A Sens (Yonne), la chaleur pourrait avoir contribué au décès d'un policier de 37 ans jeudi, lors d'une journée d'entraînement à la moto tout-terrain, mais d'autres hypothèses sont envisagées, selon l'Ecole nationale de police de la ville et plusieurs sources syndicales policières.
K.Al-Zaabi--DT