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Le premier grand procès climatique aux Etats-Unis, dans lequel une dizaine de jeunes accusent l'Etat du Montana d'enfreindre leur droit constitutionnel à un "environnement propre et sain", s'est achevé mardi, le verdict étant attendu dans quelques semaines.
La décision aura des conséquences pour les militants écologistes locaux et le Montana, qui défend l'industrie des énergies fossiles, mais aussi pour de nombreuses autres poursuites similaires engagées à travers le pays.
C'est la première fois que la constitution d'un Etat américain est invoquée devant la justice pour attaquer les autorités locales sur une question climatique.
Le procès, ouvert le 12 juin à Helena, s'est achevé mardi, après les plaidoiries finales. Devant le tribunal, des manifestants ont soutenu les jeunes plaignants, pancartes et slogans à l'appui, selon des images publiées sur les réseaux sociaux.
La juge Kathy Seeley, qui présidait l'audience, a demandé aux avocats des parties de lui soumettre leurs conclusions écrites d'ici deux semaines, avant qu'elle ne tranche.
Elle pourrait décider de rendre inconstitutionnelle une loi du Montana qui interdit à l'administration locale de prendre en compte les conséquences sur le climat lorsqu'elle doit accorder ou non des permis à des entreprises d'énergies fossiles.
- "Attention nationale" -
Au coeur des débats, un article de la constitution locale disposant que "l'Etat et tout un chacun doivent maintenir et améliorer un environnement propre et sain dans le Montana pour les générations présentes et futures".
Les 16 plaignants, âgés de 5 à 22 ans, affirment que les "effets dangereux des énergies fossiles et de la crise climatique" leur ont nui -- les enfants étant "tout particulièrement vulnérables" à ces effets qui empirent.
Ces plaignants "ne demandent pas d'argent, ils demandent seulement que leur gouvernement se saisisse de sa responsabilité constitutionnelle pour atténuer les préjudices causés par ses propres actes", a déclaré Nate Bellinger, avocat pour Our Children's Trust, l'une des trois associations soutenant les plaignants.
Les plaignants reconnaissent que la lutte contre le changement climatique "sera le combat d'une vie" mais "ils demandent à ce que ce tribunal les aide", a lancé M. Bellinger.
Ces questions doivent être tranchées par le peuple, via ses représentants élus, s'est défendu le représentant de l'Etat du Montana Michael Russell.
"Cette affaire a attiré l'attention nationale notamment parce qu'elle a été présentée, ou du moins perçue, comme une sorte de référendum sur le changement climatique. Mais cela ne doit pas être un meeting politique ou un concours de popularité, c'est une cour de justice", a-t-il déclaré.
Tout en expliquant que son Etat reconnaissait la responsabilité des émissions humaines dans le réchauffement, il a rappelé que les experts cités par les plaignants n'ont eux-mêmes pas pu quantifier précisément les conséquences des lois du Montana sur ce phénomène climatique.
Cet Etat du nord-ouest du pays, qui n'abrite qu'à peine plus d'un million d'habitants, émet environ autant de CO2 que l'Argentine.
- "Film catastrophe" -
Les plaignants ont eux raconté au tribunal, plein d'émotions, comment leur santé, leur bien-être, les finances familiales et leurs traditions ont été bouleversées.
La principale plaignante, Rikki Held, 22 ans, dont la famille possède un ranch dans l'est du Montana, a notamment évoqué un feu de forêt qui avait détruit des lignes à haute tension et coupé le courant de leur ranch pendant un mois, provoquant la mort de bétail car la famille ne pouvait pas pomper d'eau.
"Quand je pense à l'été, je pense aux fumées (des incendies)", a dit de son côté Claire Vlases, 20 ans. "Ça ressemble à un film catastrophe, mais c'est bien réel".
Une décision en faveur de ces militants du climat serait une excellente nouvelle pour les autres dossiers similaires déposés dans d'autres juridictions du pays, assure à l'AFP Michael Burger, directeur exécutif du centre Sabin pour le droit climatique à l'université Columbia. "Ce serait très encourageant pour les jeunes et les militants à travers le pays", ajoute-t-il.
C.Masood--DT