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Une foule compacte de professionnels a commencé à déferler lundi dans les allées du salon du Bourget, admirant aéronefs civils, avions de combat et objets volants novateurs, pour ce plus grand rendez-vous aéronautique mondial, organisé tous les deux ans et qui effectue son retour après une annulation forcée par le Covid-19 en 2021.
Le président de la République Emmanuel Macron, qui doit passer une grande partie de la journée sur place afin de mettre en valeur ce secteur premier contributeur à la balance commerciale française, est arrivé vers 10h00 à bord d'un H160, dernier-né de la gamme d'Airbus Helicopters.
Clin d’œil appuyé de l'Elysée à la nécessaire décarbonation du secteur aérien face à l'urgence climatique, l'appareil était avitaillé à 30% de carburant d'aviation durable (SAF de son acronyme en anglais), d'origine non fossile, selon un journaliste de l'AFP accompagnant le chef de l’État.
Au sol, les premières délégations étrangères civiles ou en uniforme arpentaient les allées en direction des chalets des industriels, là où tout se passe dans le plus grand secret.
Dès l'aube, des visiteurs ont convergé vers cette fête biennale de l'aérien, organisée jusqu'à dimanche. Le tout en tentant de triompher d'embouteillages monstres autour de l'aéroport historique du Bourget, où Charles Lindbergh avait terminé la première traversée aérienne de l'Atlantique en 1927.
Cet événement, le plus important du genre au monde en termes de visiteurs - 320.000 personnes attendues, le grand public y ayant accès à partir de vendredi - est traditionnellement marqué par des mégacommandes d'avions, des démonstrations en vol et des présentations technologiques.
Le motoriste Safran a donné le tempo lundi matin en annonçant l'installation de quatre lignes de production en France et en Grande-Bretagne de moteurs électriques pour équiper les petits avions.
- "Salon de la reprise" -
Parmi les 2.500 exposants, Emmanuel Macron doit rencontrer quelques unes des 1.130 entreprises françaises présentes, du géant Thales à la start-up Aura Aero. Il déjà annoncé vendredi un plan de 2,2 milliards d'euros pour accompagner la maturation des technologies permettant de réduire l'empreinte carbone de l'avion. Celle-ci passe notamment par le développement des SAF. Emmanuel Macron s'est fait présenter sur le stand d'Airbus la feuille de route technologique pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
Le rassemblement du Bourget est présenté comme "le salon de la reprise" après la pandémie qui a asséché les finances des compagnies aériennes, durablement désorganisé les chaînes d'approvisionnement des fabricants et obligé à annuler l'édition 2021.
C'est "le retour du bon vieux temps de l'excitation du salon", s'enthousiasme Guillaume Faury, patron d'Airbus et du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), l'organisateur de la manifestation.
Alors que le trafic aérien mondial est en passe de retrouver son niveau d'avant-Covid, les compagnies aériennes cherchent à renouveler leurs flottes par des avions plus rentables, qui consomment moins de carburant et émettent donc moins de CO2 pour répondre à l'injonction d'atteindre la neutralité carbone en 2050.
Et face à des avionneurs dont les créneaux de livraisons sont quasi-pleins jusqu'en 2029, les compagnies anticipent leur croissance alors que le trafic aérien mondial devrait doubler à cet horizon.
Combien d'Airbus, de Boeing? "Tout le monde va regarder les grandes commandes", estime Guillaume Faury. Des commandes il y en aura, assure de son côté Stan Deal, patron de la branche avions commerciaux de Boeing. "Mais notre objectif principal reste de continuer à travailler avec l'industrie pour se remettre du Covid", a-t-il expliqué dimanche à des journalistes.
L'enjeu est majeur pour les deux avionneurs, confrontés aux difficultés de leurs chaînes de fournisseurs à suivre les remontées en cadence pour livrer les appareils.
Dans un contexte de retour de la guerre en Ukraine et d'augmentation des budgets militaires, particulièrement en Europe, les équipements aéronautiques militaires seront également au centre des attention. Notamment en matière de défense aérienne.
Une conférence sur la défense aérienne rassemblant une vingtaine de ministres européens, notamment l'allemand Boris Pistorius, se tient lundi en marge du salon pour tenter d'harmoniser les positions européennes.
Y.Amjad--DT