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Un projet "responsable et juste": Joe Biden a défendu mercredi sa décision d'effacer en partie la colossale dette étudiante pesant sur ses concitoyens, face à l'opposition républicaine qui l'accuse d'attiser l'inflation.
Le président démocrate, qui reprend là une promesse de campagne, a assuré que son plan "bénéficierait avant tout aux familles de la classe moyenne et populaire".
La mesure, annoncée moins de trois mois avant des élections de mi-mandat traditionnellement difficiles pour le parti présidentiel, concerne les personnes gagnant moins de 125.000 dollars par an.
Elle efface 10.000 dollars pour les personnes n'ayant pas bénéficié d'une bourse fédérale pour leurs études universitaires, et de 20.000 dollars pour celles, aux moyens plus modestes, en ayant reçu une.
Selon une estimation de l'université de Pennsylvanie, l'effacement de 10.000 dollars à lui seul coûterait quelque 300 milliards de dollars.
La dépense en vaut la peine non seulement pour des questions de justice sociale, mais aussi pour que "l'Amérique gagne la compétition économique du XXIème siècle" grâce à l'éducation, a justifié Joe Biden lors d'une allocution à la Maison Blanche.
"Comment nous le finançons? Par ce que nous avons fait", à savoir réduire le déficit, a-t-il aussi argumenté.
- "Middle Class Joe" -
Jouant une nouvelle fois sa carte de "Middle Class Joe" ("Joe de la classe moyenne"), le démocrate de 79 ans a tenu à opposer ce projet aux importantes baisses de taxes décidées par son prédécesseur Donald Trump pour les entreprises.
Le débat sur la dette étudiante a été particulièrement animé, comme à chaque fois qu'il s'agit aux Etats-Unis de transférer à la puissance publique des dépenses jusque-là privées, que ce soit pour la santé ou l'éducation.
Il a fallu plus d'un an et demi à la Maison Blanche pour calibrer son plan et trouver une base juridique à son action.
La décision a été saluée par des figures du parti démocrate.
Les sénateurs Chuck Schumer et Elizabeth Warren ont évoqué dans un communiqué commun "un pas de géant vers la résolution de la crise de la dette étudiante".
Le chef de file des républicains au Sénat Mitch McConnell n'a au contraire pas eu de mots assez durs contre une mesure "incroyablement injuste".
"C'est une gifle pour toutes les familles qui ont fait des sacrifices pour épargner pour l'université, pour tous les diplômés qui ont remboursé", a-t-il jugé dans un communiqué.
- Huile sur le feu -
Certains experts, y compris considérés comme plutôt proches du camp démocrate, ont estimé que ce geste financier conséquent était risqué à un moment où les Etats-Unis font déjà face à une flambée des prix.
Jason Furman, ancien conseiller économique de Barack Obama, a ainsi estimé sur Twitter qu'il était "inconscient de jeter environ 500 milliards de dollars d'huile sur le feu de l'inflation qui flambe déjà".
Le chef économiste de l'agence Moody's, Mark Zandi, a au contraire estimé que l'impact de cet allègement de dette sur la croissance comme sur l'inflation serait "marginal".
La mesure devrait être reçue avec soulagement par beaucoup, dans un pays où les universités peuvent faire payer de 10.000 à 70.000 dollars l'année.
Au total, quelque 45 millions d'emprunteurs dans le pays doivent collectivement 1.600 milliards de dollars, d'après la Maison Blanche.
La promesse d'alléger la dette étudiante "est la raison pour laquelle beaucoup de personnes de mon âge et de ma génération ont voté pour lui, parce que c'est quelque chose qui nous affecte lourdement", a réagi Amarie Betancourt, 20 ans, étudiante en deuxième année à la Howard University de Washington, et qui a contracté un crédit pour financer ses études.
"La dette étudiante est un sujet important qui inquiète beaucoup d'étudiants", a dit Vivian Santos-Smith, 20 ans, qui étudie les sciences politiques dans cette même université privée, historiquement liée à la communauté afro-américaine. "C'est déjà une bénédiction si une partie est annulée."
Joe Biden a toutefois souligné que le moratoire sur le remboursement des emprunts étudiants, instauré pendant la pandémie de Covid, s'achèverait à la fin de l'année et qu'il faudra donc par la suite, déduction faite des aides annoncées mercredi, reprendre les remboursements.
D.Al-Nuaimi--DT