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L'école d'ingénieurs CentraleSupélec et l'Université Paris Sciences & Lettres (PSL) vont lancer des programmes pour accueillir des chercheurs basés aux Etats-Unis et financer des travaux qui ne pourraient plus y être menés en raison de la politique de l'administration Trump, ont-ils annoncé mercredi.
"A l'heure où les principes d'objectivité et de liberté de la recherche scientifique semblent parfois remis en cause, CentraleSupélec a décidé de s'associer à l'initiative +Safe Place for Science+ lancée par Aix-Marseille Université", a déclaré dans un communiqué Romain Soubeyran, directeur de CentraleSupélec.
Il invite les chercheurs travaillant actuellement aux Etats-Unis sur des sujets en lien avec les "domaines stratégiques" de l'école et souhaitant venir en France à postuler à son programme d'accueil.
Issu du rapprochement de Centrale et de Supélec, l'établissement fait référence en sciences de l'ingénieur et des systèmes.
Doté d'un "fonds d'amorçage de trois millions d'euros de la Fondation CentraleSupélec", le programme "vise à offrir un environnement dans lequel les scientifiques de haut niveau pourront mener leurs recherches en toute liberté et sécurité", indique le communiqué.
"Il financera entre autres des +tenure tracks+ (contrats de travail à durée déterminée, NDLR) au niveau professeur ou assistant professeur, des +welcome packages+ (ensemble de mesures d'accueil, NDLR) ou des chaires d'accueil", précise-t-il.
L'Université PSL a annoncé de son côté intensifier ses collaborations avec les scientifiques dont les recherches seraient menacées dans les domaines de l'intelligence artificielle, des sciences du climat, de la santé et des sciences sociales et humanités.
"La réduction brutale des financements fédéraux aux Etats-Unis impacte tout le monde, y compris la recherche européenne. Il faut se mobiliser pour soutenir la continuité scientifique dans les domaines prioritaires qui sont menacés", a souligné auprès de l'AFP le président de PSL, El Mouhoub Mouhoud.
L'établissement, qui regroupe notamment l'Ecole Normale, Dauphine ou les Mines, prévoit d'accueillir "15 chercheuses et chercheurs pour poursuivre leurs travaux scientifiques en France" ainsi que le financement de post-doctorats et l'hébergement de chercheurs.
Début mars, l'université d'Aix-Marseille a été la première en France à ouvrir les bras aux scientifiques dont le travail pourrait être menacé par la politique menée par Donald Trump, annonçant dégager 10 à 15 millions d'euros dans ce but.
La semaine dernière, la Fondation Arc, dédiée à la recherche sur le cancer, a débloqué 3,5 millions d'euros "pour offrir aux chercheurs en difficulté actuellement basés aux Etats-Unis, l’opportunité de poursuivre leurs travaux en France".
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a multiplié les annonces chocs visant la communauté scientifique: coupes budgétaires brutales, licenciement de centaines d'employés des agences fédérales chargées du climat ou de la santé, censure de certains sujets dans les recherches subventionnées...
H.El-Qemzy--DT