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Les manifestations propalestiniennes qui secouent les campus américains depuis quelques semaines cherchent un nouveau souffle, après des dispersions par la police, des arrestations massives et un sévère rappel à l'ordre par la Maison Blanche.
Tôt vendredi, la police a démantelé sans heurts un campement à l'université de New York (NYU), à la demande de l'établissement.
A l'Université de Chicago, l'administration, qui a fait état sur X d'"informations sur des altercations physiques" sur son campus, a indiqué dans un communiqué que faute d'un accord avec les protestataires, le moment était venu de disperser le rassemblement.
La police était présente sur les lieux vendredi. Sur des images circulant sur les réseaux sociaux, on pouvait voir manifestants et contre-manifestants se faire face.
Sur d'autres campus, les forces de l'ordre sont intervenues manu militari ces derniers jours, comme à Columbia à New York et à UCLA à Los Angeles.
Près de 2.000 personnes en tout ont été interpellées, selon un bilan établi par plusieurs médias américains.
Très critiquée par des étudiants et au sein du corps enseignant pour avoir deux fois appelé la police à intervenir - des images qui ont fait le tour du monde - la présidente de Columbia, Minouche Shafik, a évoqué la "tourmente" dans son établissement.
"Ces deux dernières semaines ont été parmi les plus difficiles de l'histoire de Columbia", a-t-elle dit dans une vidéo publiée vendredi sur les réseaux sociaux, affirmant que l'occupation d'un bâtiment par des étudiants avait été "un acte violent".
"Nous avons beaucoup à faire, mais je m'engage à oeuvrer chaque jour et avec chacun d'entre vous pour reconstruire la communauté sur notre campus", a-t-elle ajouté.
Depuis le 17 avril, une nouvelle vague de mobilisation pour Gaza déferle sur les campus américains, évoquant, dans une moindre ampleur, les manifestations contre la guerre du Vietnam dans les années 1960-70.
En plus de réclamer la fin du conflit à Gaza, ces étudiants appellent les universités à rompre leurs relations avec Israël et à se désengager de leurs investissements en lien avec ce pays.
Ils dénoncent aussi l'appui quasi inconditionnel des Etats-Unis à leur allié.
Israël est engagé dans une offensive massive dans la bande de Gaza, en représailles à l'attaque du Hamas le 7 octobre sur son sol.
- Vietnam -
Jeudi, lors d'une courte allocution, le président démocrate Joe Biden, longtemps muet sur les manifestations, a martelé que "l'ordre devait prévaloir".
Cela lui a valu à la fois les critiques de la droite, qui l'a jugé trop complaisant, et l'indignation des partisans des manifestants.
"Il existe un droit à manifester, pas un droit à provoquer le chaos", a lancé l'octogénaire, candidat face au républicain Donald Trump à la présidentielle de novembre.
Son ministre de l'Education, Miguel Cardona, a envoyé selon la chaîne CNN une lettre à des dirigeants d'universités dans laquelle il se dit "incroyablement préoccupé par les informations sur de la haine antisémite à l'encontre d'étudiants sur certains campus".
Les manifestations ont ravivé le débat aux Etats-Unis, déjà tendu voire violent depuis l'attaque du Hamas, sur la liberté d'expression, l'antisionisme et ce qui constitue de l'antisémitisme.
D'un côté, des étudiants et enseignants accusent leurs universités de chercher à censurer un discours politique, de l'autre plusieurs personnalités, dont des élus du Congrès, affirment que les militants attisent l'antisémitisme.
La question pourrait plomber la course de M. Biden à la Maison Blanche.
"Cela pourrait être le Vietnam de Biden", a averti sur CNN le sénateur de gauche Bernie Sanders.
"Je crains vraiment que le président Biden ne se mette dans une position où il s'aliène non seulement les jeunes, mais une grande partie de la base démocrate", a-t-il ajouté.
Côté républicain, Donald Trump a qualifié les manifestants de "tarés de la gauche radicale", qu'il faut "arrêter maintenant".
La mobilisation a inspiré les militants propalestiniens à travers le monde, en France, comme dans la prestigieuse école parisienne Sciences Po, ou à l'université McGill au Canada et à l'UNAM à Mexico.
A rebours d'autres institutions, l'université Brown, dans l'Etat américain du Rhode Island, s'est accordée avec les manifestants sur le démantèlement de leur campement en échange d'un vote sur un éventuel "désinvestissement".
burs-iba/cha
C.Akbar--DT