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Au moins treize personnes ont été tuées et 178 blessées dans l'incendie qui a touché lundi le centre de Conakry, la capitale guinéenne, après l'explosion du principal dépôt de carburant du pays, qui a mis la ville à l'arrêt et provoqué d'importants dégâts matériels.
Le sinistre est survenu aux environs de 00H00 (locales et GMT) au principal dépôt d’hydrocarbures de la société guinéenne de pétrole (publique) à Kaloum, le quartier administratif et des affaires de Conakry.
"Le bilan provisoire à mi-journée fait état de dépôts de 13 corps sans vie dans les structures sanitaires et de 178 blessés de nationalités guinéenne et étrangère", a annoncé le gouvernement dans un communiqué.
La prise en charge des victimes a permis à 89 blessés de regagner leurs familles, a-t-il ajouté.
Plus tôt le directeur technique opérationnel de la protection civile Jean Traoré a fait état d'un bilan de 11 morts et 88 blessés graves lors d'une réunion avec le ministre des Affaires étrangères et des ambassadeurs.
"Les blessés arrivent par dizaines dans deux des principaux hôpitaux de Conakry, Ignace Deen et Donka", avait affirmé à l'AFP, peu après le drame, le docteur Mamadouba Sylla, un chirurgien qui travaille à l'hôpital de Donka.
- "Solidarité et prière" -
"En attendant les enquêtes diligentées par le gouvernement pour connaître les causes exactes de l'incendie, ainsi que le bilan humain et matériel de ce drame, j'appelle le peuple de Guinée à la solidarité et à la prière pour la nation en ces moments de dure épreuve", a déclaré le chef de la junte Mamadi Doumbouya, au pouvoir depuis septembre 2021, dans un texte publié sur sa page Facebook.
Le gouvernement a annoncé la fermeture des écoles et demandé aux travailleurs du secteur public et privé de rester chez eux dans le grand Conakry, comprenant la capitale et ses environs.
L'incendie a été circonscrit et les efforts sont en cours pour l’éteindre totalement, a-t-il dit dans l'après-midi.
La zone portuaire est bouclée par les forces de sécurité, qui ont érigé des barrages filtrants sur plusieurs kilomètres. Une forte odeur de carburant brûlé se dégage du lieu sinistré.
Une cellule de crise coordonnée par le ministre de la Sécurité, Bachir Diallo, a été mise en place, et un plan d'urgence sanitaire a été activé pour la prise en charge des blessés, a indiqué le ministère de l'Information. Un numéro d'appel d'urgence a aussi été mis en service.
M. Diallo a annoncé l'arrivée prochaine de secouristes étrangers, notamment du Sénégal et du Mali, des pays voisins.
L'Union européenne et les Etats-Unis ont exprimé leur solidarité.
Les stations-services sont provisoirement fermées sur l'ensemble du territoire national pour éviter la spéculation, et un point d'évacuation de la population riveraine a été établie au Palais du peuple, siège du Parlement, a aussi indiqué le gouvernement.
"C'est un bruit assourdissant qui nous a réveillés, on était déjà endormis. Nous qui logeons près du Marché Niger, les vitres de notre habitation et celles de nos voisins ont été cassées. On est parvenu à nous éloigner de l'endroit", a confié à l'AFP une habitante de Kaloum, sous le choc.
- "Forte détonation" -
"Nous avons entendu une forte détonation qui nous a projeté par terre sans rien comprendre de ce qu'il se passait", a aussi raconté à l'AFP Marietou Camara.
"Nous nous sommes contentés de prières espérant avoir les faveurs de Dieu. D'autres n'ont pas cherché à comprendre, préférant prendre la direction de la banlieue", a-t-elle poursuivi.
Le quartier portuaire, habituellement bondé, a des allures de ville morte lundi. Des dizaines de personnes ont quitté dans la précipitation le centre-ville pendant la nuit, les autres se terrent dans leur habitation.
La Guinée est dirigée depuis septembre 2021 par une junte dont le chef est le colonel Mamadi Doumbouya. Il a renversé le président Alpha Condé, qui était devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu de Guinée après des décennies de régimes autoritaires ou dictatoriaux.
Après le putsch, le colonel Mamadi Doumbouya s'est fait investir président et s'est engagé sous la pression internationale à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de deux ans à partir de janvier 2023.
Il a promis de refonder un Etat miné par les divisions et par une corruption réputée endémique.
Y.Rahma--DT