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L'assaillant ayant poignardé à mort un enseignant à Arras va être présenté à un juge d'instruction antiterroriste, quatre jours après cette attaque revendiquée au nom de l'organisation Etat islamique qui a replongé la France dans l'effroi face aux attentats jihadistes.
Le parquet a requis la mise en examen et la détention provisoire pour l'assaillant de 20 ans, Mohammed Mogouchkov, ainsi que pour son frère de 16 ans, suspecté d'avoir "apporté un certain soutien dans son projet mortifère", notamment sur "le maniement des couteaux", a expliqué le procureur de la République antiterrorriste, Jean-François Ricard, lors d'une conférence de presse.
Les deux frères vont être présentés au juge d'instruction, de même qu'un "cousin de cette fratrie", âgé de 15 ans, qui aurait été "informé du projet" sans "rien faire pour l'empêcher".
Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a requis l'ouverture d'une information judiciaire pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, assassinat en relation avec une entreprise terroriste, complicité de ces deux derniers crimes et abstention volontaire de commettre un crime.
Depuis vendredi, cent témoins ont été entendus et treize personnes ont été placées en garde à vue.
Dix gardes à vue qui concernaient son "cercle familial proche" ou ses "relations" ont été "levées au cours de l'enquête de flagrance en l'"absence d'éléments à ce stade permettant de démontrant que ces personnes interpellées ont pu avoir un rôle précis dans l'action terroriste de Mohammed Mogouchkov", selon le procureur.
Les motivations de l'agresseur, qui avait longuement "prêté allégeance" à l'organisation Etat islamique dans un fichier audio retrouvé sur son téléphone, "ont pu être éclaircies par les déclarations de certains de ses proches, par les propos tenus par lui-même sur place et par une vidéo tenue devant un monument aux morts" avant l'attaque, a précisé Jean-François Ricard.
Dans cette "courte vidéo", l'assaillant "s'est attaqué de manière répétée aux +valeurs des Français+ selon ses propres termes", dans des "propos particulièrement menaçants", a indiqué le procureur.
Dans son long enregistrement audio, en arabe, l'assaillant a mentionné son soutien aux populations musulmanes notamment "en Irak, en Asie" et en "Palestine", "mais sans relier son acte directement aux événements récents" en Israël et dans la bande de Gaza, a relevé la même source.
Dominique Bernard, professeur de lettres de 57 ans, est décédé. Le pronostic vital des trois autres personnes blessées n'est plus engagé à ce jour, selon le magistrat.
- "Urgence attentat" -
Mohammed Mogouchkov, 20 ans, né dans la République russe à majorité musulmane d'Ingouchie, fiché pour radicalisation islamiste, s'était rendu vendredi matin à son ancien établissement, la cité scolaire Gambetta-Carnot à Arras. Il a mortellement poignardé Dominique Bernard, professeur de français âgé de 57 ans, puis blessé trois autres personnes avant d'être interpellé par une patrouille de police.
Il était suivi par la DGSI "depuis la fin du mois de juillet", selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, par des écoutes et des mesures de surveillance physique.
Cette attaque, commise trois ans après l'assassinat du professeur Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), a de nouveau jeté l'effroi, en particulier chez les enseignants.
La France a été placée dans la foulée en situation d'"urgence attentat", le niveau le plus élevé du dispositif de vigilance et de protection Vigipirate.
D'autres pays redoutent des passages à l'acte terroristes, notamment en écho à la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Deux Suédois ont été tués lundi soir en pleine rue à Bruxelles lors d'une attaque dont l'auteur présumé, un Tunisien radicalisé en séjour illégal en Belgique, a été mortellement blessé mardi par la police.
"Tous les Etats européens sont vulnérables" face au retour du "terrorisme islamiste", a relevé M. Macron.
A Arras, dans le Pas-de-Calais, les cours ont repris sous haute protection mardi à 14h00 pour les collégiens et lycéens de la cité scolaire Gambetta, où l'enseignant est décédé. Ses obsèques auront lieu jeudi à la cathédrale, en présence d'Emmanuel Macron.
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T.Prasad--DT