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Deux personnes ont été tuées en Libye lors d'affrontements violents entre deux influents groupes armés près de Tripoli, qui ont éclaté en pleine nuit et se sont poursuivis mardi, entraînant la suspension des vols dans l'unique aéroport civil de la capitale.
Les combats ont opposé la "Brigade 444" à la "Force al-Radaa" dans plusieurs secteurs des banlieues est et sud de Tripoli, a indiqué mardi à l'AFP un officier du ministère de l'Intérieur ayant requis l'anonymat.
Une source hospitalière a annoncé un premier bilan de deux morts et plus de 30 blessés, dont certains dans des conditions graves.
Ces deux groupes sont parmi les plus influents à Tripoli, où siège l'un des deux gouvernements qui se disputent le pouvoir dans un pays miné, depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, par des divisions alimentées par la prolifération de groupes armés aux allégeances mouvantes.
Mardi, des médiations, infructueuses, menées par des responsables politiques et militaires n'ont pas réussi à amener les deux groupes à cesser les combats, qui se sont étendus vers le sud de Tripoli, dans des secteurs où se trouvent de nombreuses cliniques et hôpitaux, ainsi que des quartiers très habités.
Les rues de Tripoli, y compris dans des quartiers éloignés des combats, étaient quasiment vides alors qu'en semaine, elles sont habituellement bloquées par des embouteillages. Dans l'ouest de la ville, les cafés et commerces étaient ouverts mais très peu fréquentés, a constaté l'AFP.
Le Croissant rouge libyen et les équipes de secours ont pu extraire des dizaines de familles des zones de combats mais pas des cliniques du quartier de Tarik al-Shok.
La Manul, la mission de l'ONU en Libye, a dit, dans un communiqué, "suivre avec inquiétude" ces évènements et "leur impact sur les civils", appelant à une "désescalade immédiate", au "dialogue" et à "préserver les progrès accomplis sur le plan de la sécurité ces dernières années".
Des communiqués des ambassades des Etats-unis, du Royaume Uni, de la France et de l'Union européenne ont fait écho aux appels de la Manul pour une cessation des hostilités.
- Appels aux dons de sang -
Selon des médias locaux, des véhicules blindés et pickups armés se sont déployés lundi soir dans plusieurs secteurs à l'est et au sud de Tripoli après l'interpellation du chef de la Brigade 444, Mahmoud Hamza, à l'aéroport de Mitiga, situé dans un secteur contrôlé par la Force al-Radaa. Les raisons de cette interpellation ne sont pas claires à ce stade.
Des tirs nourris notamment à l'arme lourde ont retenti à Ain Zara (au sud-est de Tripoli) avant de s'étendre à d'autres secteurs près de l'aéroport et de l'université de Tripoli, où les cours ont été suspendus.
Les autorités de Mitiga ont suspendu le trafic et dévié les vols vers Misrata, à 200 km plus à l'est, évacuant aussi les appareils stationnés sur le tarmac.
Le ministère de la Santé a appelé à des dons de sang et à l'établissement de couloirs sécurisés pour évacuer les familles piégées dans les zones de combats.
La Brigade 444 dépend du ministère de la Défense et est considérée comme le plus discipliné des groupements armés de l'ouest libyen. Elle contrôle notamment les banlieues sud de Tripoli mais aussi les villes de Tarhouna et de Bani Walid, sécurisant les routes reliant la capitale au sud du pays.
La Force al-Radaa est une puissante milice qui fait office de police à Tripoli, et arrête aussi bien des jihadistes que des délinquants de droit commun. Elle se présente comme un organe de sécurité indépendant des ministères de l'Intérieur et de la Défense et contrôle le centre et l'est de Tripoli ainsi que la base aérienne de Mitiga, l'aéroport civil et une prison.
Fin mai, des combats entre les deux groupes, jusque dans des rues bondées du centre de Tripoli, avaient fait des blessés légers. En juillet et août 2022, des affrontements entre al-Radaa et d'autres groupes armés avaient fait une cinquantaine de morts à Tripoli.
I.Uddin--DT