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Une grève peu suivie, mais des manifestants avec chapeaux de paille et masques de plongée, dans une allusion à Ibiza, lieu de vacances du ministre de l'Education nationale : les enseignants ont défilé jeudi en France, une nouvelle journée d'action pour protester contre la gestion de la crise sanitaire du Covid-19 à l'école.
"Blanquer démission, protocole de guignol", "Blanquer nous +emmerde+", "Ibiza-gate" ou encore "Jean-Michel Guetta ne nous entend pas!" (référence au DJ David Guetta, animateur des nuits d'Ibiza), pouvait-on lire sur des pancartes dans la manifestation parisienne, qui ralliait la place de la Sorbonne au ministère. D'autres rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes en France.
Ils étaient 750 personnes à participer à la manifestation dans la capitale, selon la préfecture de police de Paris. Une semaine avant, ils étaient près de 78.000 personnes à manifester en France, dont 8.200 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur.
Après une mobilisation très suivie le 13 janvier, les personnels de l'Education ont peu répondu à l'appel à la grève. Le ministère n'a comptabilisé que 1,15% des enseignants du premier degré (maternelle et élémentaire) et 2,18% dans le second degré (collège et lycée).
Sept jours auparavant, ils étaient plus de 38% dans le premier degré et près de 24% dans le secondaire, toujours selon le ministère de l'Education. Près de 78.000 personnes avaient défilé en France à l'appel de tous les syndicats, indiquait alors le ministère de l'Intérieur.
"Aujourd'hui on voulait répondre à l'attitude de Jean-Michel Blanquer qui se permet de partir à Ibiza en vacances pendant que les enseignants en France souffrent", "on veut insister sur le fait que le mépris, il est bien réel", dit Laura, enseignante spécialisée en rased (réseaux d'aides spécialisés aux élèves en difficultés) dans le 93, avec lunettes de soleil, chapeau, paréo et collier de fleurs autour du cou.
"Jean-Michel Guetta, ministre à Ibiza, on veut plus bosser pour toi!", chantaient une trentaine d'enseignants, avec chapeaux en paille et masque de plongée, devant le rectorat à Bordeaux.
- "Maintenir la pression" -
A Rennes, ils étaient une soixantaine réunis devant une banderole "Blanquer démission". "S'il y a une réticence des collègues à faire grève (jeudi), tout le monde sera présent le 27 janvier", a assuré Marc, 32 ans, enseignant dans un collège de Fougères (Ille-et-Vilaine), faisant référence à la manifestation interprofessionnelle prévue pour la fin janvier.
Ces derniers jours, une partie des organisations (FSU, CGT Educ'action, FO et SUD Education, la FCPE, première organisation de parents d'élèves, et les mouvements lycéens FIDL, MNL et La Voix lycéenne) avaient appelé à "poursuivre la mobilisation", en s'engageant "dans une nouvelle journée d'action, y compris par la grève".
Il s'agit, une nouvelle fois, de protester contre la valse des protocoles sanitaires dans les établissements scolaires. Pour les syndicats et organisations qui ont appelé à la grève jeudi, "le chaos engendré par la gestion de la crise sanitaire mérite des réponses fortes, au-delà des engagements pris" à la suite de la manifestation du 13 janvier.
"Le but n'était pas de refaire le 13, mais de maintenir la mobilisation et la pression, montrer que les personnels ne sont pas dupes des annonces et se préparent à réussir le 27 janvier avec l'ensemble des secteurs", a expliqué à l'AFP Michael Marcilloux, cosecrétaire général de la CGT educ'action, dans le cortège parisien.
Après la mobilisation du 13 janvier, les syndicats avaient été reçus par le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Education, qui avaient promis "cinq millions de masques FFP2" pour les enseignants et plus de remplaçants pour les professeurs absents.
Des annonces "pas suffisantes" pour les syndicats, qui ont appelé à "créer tous les postes nécessaires pour assurer les remplacements" et à "doter les écoles et établissements en matériel de protection en nombre suffisant, bien au-delà des volumes annoncés".
Après deux années de gestion "calamiteuse" de la crise sanitaire à l'école, selon de nombreux enseignants, l'exaspération est patente. Et le ministre Blanquer, déjà fragilisé, a eu du mal à convaincre cette semaine après la révélation par Mediapart de son séjour à Ibiza juste avant la rentrée de janvier, alors que se décidait le protocole sanitaire dans les écoles.
I.El-Hammady--DT