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Le conseil d'administration d'EDF devrait entériner lundi le rachat des activités nucléaires de General Electric (GE), avant la visite d'Emmanuel Macron jeudi à Belfort sur le rôle de l'atome en France.
Le groupe américain et l'électricien français ont négocié pendant plusieurs mois, sous pression d'un exécutif particulièrement attentif au dossier.
Sept ans après le rachat controversé de la branche énergie d'Alstom par GE, promu alors par le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, ses activités nucléaires pourraient regagner le giron d'un groupe français, à la faveur d'une relance du programme nucléaire national.
Au printemps 2021, sur fond de plan social annoncé dans la branche nucléaire de GE, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire annonçait rechercher "une solution française pour les turbines Arabelle", produites par l'américain, afin de "sécuriser cet actif unique, les compétences qui vont avec et qui sont indispensables à notre avenir énergétique".
"Une telle opération permettrait de conforter la capacité d'EDF à construire l'avenir de notre système énergétique, et répondrait pleinement à notre ambition industrielle en faveur de cette filière stratégique", expliquait-il aussi en septembre, au moment de l'officialisation des discussions entre les deux groupes.
Quatre mois plus tard, les deux groupes se sont accordés pour qu'EDF débourse 273 millions de dollars afin de reprendre l'activité de turbines, dont 73 millions de dettes, selon les Echos.
- Relance du nucléaire -
Le conseil d'administration d'EDF aura lieu lundi en fin de journée, ont indiqué plusieurs sources à l'AFP.
Si l'ordre du jour n'a pas été confirmé officiellement, ni par EDF ni par Bercy, il intervient alors qu'un déplacement du président Emmanuel Macron est prévu jeudi à Belfort, "sur le thème du nucléaire", indique l'Elysée.
Le Territoire accueille le principal site de GE Steam Power Systems (GEAST). Y sont fabriquées les turbines Arabelle qui équipent les centrales nucléaires françaises.
Lors d'un comité social et économique central qui s'est tenu vendredi, le président du groupe EDF Jean-Bernard Lévy, interrogé par des élus, s'est montré "très évasif" sur une éventuelle conclusion prochaine de ce dossier, selon une source syndicale à l'AFP.
EDF, dont les capacités financières sont par ailleurs tendues, était réticent au départ, rappelle une source proche du dossier, son métier étant de produire et vendre de l'électricité comme "architecte ensemblier" de centrales et non fabricant de pièces. "Il n'y avait pas pour eux de logique industrielle car ils pouvaient mettre en concurrence GEAST et Siemens et jouer sur les coûts", explique-t-elle.
Mais avec ce rachat, EDF reçoit en retour le feu vert pour des commandes de turbines, soit "plusieurs milliards d'euros", avec le renouvellement d'un parc nucléaire français en fin de vie, ajoute cette source.
Emmanuel Macron avait annoncé début novembre que la France s'apprêtait à lancer la construction de réacteurs, une vingtaine d'années après la mise en service des derniers, mais il n'a depuis donné aucun détail sur ce projet.
EDF a déjà remis à l'État une proposition pour construire six réacteurs EPR2 (version améliorée de l'EPR) pour une cinquantaine de milliards d'euros.
Son PDG ne cesse de dire qu'il est désormais "urgent" de lancer "des actions concrètes".
Le gouvernement a évoqué une première mise en service d'EPR2 "en 2035-2037", mais il doit encore détailler les contours de ces futurs chantiers.
Selon la source proche du dossier, le président devrait jeudi à Belfort, terre d'industries de production énergétique, parler décarbonation, énergies, et faire des annonces sur le nucléaire.
La France, qui tire environ 70% de son électricité de l'atome, un record mondial, ne construit actuellement sur son sol qu'un réacteur EPR, celui de Flamanville (Manche), qui a rencontré des déboires multiples, source de retards et rallonges budgétaires.
R.El-Zarouni--DT