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Dans un ballet incessant de camions, des boîtes bleues arrivent par centaines de milliers chaque jour dans un laboratoire de Vienne, emblématique de la frénésie qui a saisi l'Autriche, en pointe dans le domaine des tests de Covid-19.
"Tous à vos gargarismes" ("Alles Gurgelt"): ce programme, dont l'idée a essaimé fin 2020 au sein de la municipalité pour lutter contre la pandémie, marche à plein régime face à la flambée des cas liée au variant Omicron.
Munis de kits fournis gratuitement, les Viennois se livrent quasi quotidiennement à l'exercice devant leur écran d'ordinateur avant de rapporter le tube à essai au magasin du coin.
Les résultats sont connus sous 24 heures, accompagnés d'un certificat de test PCR - un sésame régulièrement réclamé dans ce pays alpin de 8,9 millions d'habitants, de l'école à l'opéra ou aux activités sportives.
"C'est extrêmement peu contraignant", résume le PDG du laboratoire Lifebrain, Michael Havel, pour expliquer le succès du système.
Dans les locaux situés sur un vaste complexe hospitalier, la cadence est effrénée pour les 1.800 salariés à temps complet, dont un tiers recruté sur les deux derniers mois.
Jour et nuit, des travailleurs de dizaines de nationalités s'y pressent pour scanner les codes-barres des tubes, les décapsuler avant que le liquide ne soit analysé par des machines.
Le laboratoire peut examiner jusqu'à 800.000 tests par jour.
- Une utilité contestée -
Des "Gurgel tests" à ceux réalisés en pharmacie ou dans divers établissements de santé, l'Autriche en a réalisé 145 millions depuis le début de la pandémie, qui a fait plus de 14.000 morts dans le pays.
Actuellement, près de 80 tests quotidiens sont recensés pour 1.000 habitants (sur une moyenne de 7 jours), contre seulement 15 en France et 4 en Allemagne, ce qui la place dans le peloton de tête au niveau mondial, selon les estimations du site Our world in data.
Cette politique de tests de masse, financée par l'argent du contribuable, a un prix élevé - 2,6 milliards d'euros pour la seule année 2021, selon des informations de presse - pour une utilité récemment contestée par certains.
"Jusqu'à présent, cette stratégie se justifiait pleinement mais maintenant avec Omicron, tout est différent", reconnaît Ulrich Elling, chercheur à l'Académie autrichienne des sciences, qui a participé au développement de la méthode de gargarisme.
"Si on table sur un scénario d'immunité collective, il faut se poser la question du sens" de tests visant à limiter la propagation des infections, souligne-t-il.
Mais le patron de Lifebrain, entreprise fondée en 2013 et essentiellement présente en Italie avant l'émergence du coronavirus, n'est pas prêt à réduire la voilure et veut même étendre l'activité à d'autres régions autrichiennes.
"On pourra se passer des tests uniquement quand la pandémie sera vaincue", assure M. Havel, prédisant déjà "une nouvelle vague à l'automne".
H.El-Qemzy--DT