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Jens Stoltenberg, nommé vendredi à la tête de la Banque centrale de Norvège, dirige l'Otan depuis 2014, une mission délicate au cours de laquelle il a réussi à maintenir l'unité de l'Alliance, réveillée par les tensions avec Moscou.
Cet ex-Premier ministre social-démocrate de Norvège, pays de tradition pacifiste, n'avait jamais montré de penchant particulier pour les questions de défense et de sécurité avant sa nomination à la tête de la plus puissante alliance militaire au monde.
Economiste de formation, père de deux grands enfants, il a même fait ses premières armes dans des milieux radicaux hostiles à l'Otan, avant de devenir un champion du consensus.
Dans les années 1970, l'adolescent aux cheveux longs caillasse l'ambassade des États-Unis pour protester contre la guerre au Vietnam. Mais c'est sous sa direction qu'une décennie plus tard, la Jeunesse travailliste renonce à demander une sortie de la Norvège de l'Otan.
Devenu ministre, il s'indigne aussi contre les essais nucléaires français dans le Pacifique en participant à un relais cycliste Oslo-Paris en 1995.
Né le 16 mars 1959 à Oslo dans une famille férue de politique, député en 1991, ministre de l'Énergie puis des Finances, cet homme longiligne aux yeux azur devient en 2000, au lendemain de son 41e anniversaire, le plus jeune chef d'un gouvernement norvégien. Un poste qu'il n'occupe que brièvement mais qu'il retrouve de 2005 à 2013.
Les dix années passées à la tête de différents gouvernements à Oslo l'ont doté d'un carnet d'adresses international fourni et d'un art consommé de la négociation.
- Art du compromis -
Discret et posé, pesant ses mots, M. Stoltenberg tranchait à son arrivée en octobre 2014 à la tête de l'Alliance avec son prédécesseur, le Danois Anders Fogh Rasmussen, réputé pour sa forte personnalité.
Premier chef de l'Otan issu d'un pays frontalier de la Russie, son mandat a commencé sur fond de confrontations entre Moscou et Kiev - déjà - quelques mois après l'annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée. Sous sa direction, l'Otan a entamé une profonde mue pour s'adapter et répondre au défi russe.
"2014, c'est le moment où on redécouvre le conflit qui était sous-jacent entre la Russie et l'Otan et le rapport très agressif de la Russie vis-à-vis de l'extension de l'Alliance mais surtout des partenariats" avec des pays comme la Géorgie ou l'Ukraine, rappelle Elie Tenenbaum, chercheur à l'Ifri (Institut français des relations internationales).
Stoltenberg a mené "une politique active des partenariats" et sous son mandat "la solidarité transatlantique et interne à l'Alliance, notamment face à la Russie, est restée globalement solide", estime l'expert.
Il lui a fallu répondre à un autre défi quand l'Alliance atlantique, historiquement dominée par les Etats-Unis, a été sèchement remise en cause par Donald Trump. Sans oublier les relations compliquées avec la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, pilier de l'Otan sur son flanc sud. Mais rompu aux négociations difficiles, le Norvégien est passé maître dans l'art du compromis. Au point que certains lui reprochent de fuir la confrontation.
Son mandat aura aussi été marqué par l'échec de la mission de formation des forces afghanes. Initialement, l'Otan devait aider le gouvernement afghan à reprendre le contrôle du pays et à assurer sa sécurité. Mais les forces régulières se sont retrouvées débordées par l'offensive des talibans qui ont repris le pouvoir en août 2021.
Sur ce dossier, "Stoltenberg n’a pas cherché à pousser trop loin l’introspection sur les raisons de cet échec et à poser les questions qui fâchent alors que les Américains ont poussé plus loin l’exercice d'autocritique", estime Elie Tenenbaum.
H.El-Qemzy--DT