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L'usine Renault de Cléon, "temple du moteur thermique", a accéléré mardi sa transition vers l'électrique en lançant la production d'un nouveau moteur électrique.
Située dans une boucle de la Seine, à quelques kilomètres de Rouen, l'usine qui a produit les moteurs des 4L, R5 ou Twingo est métamorphosée. Dans le très propre atelier électrique, sur un léger bruit de fond mécanique, quelques dizaines de salariés assemblent des pièces de moteur ou surveillent les machines qui enroulent du cuivre sur de l'aluminium.
Après deux ans de rénovation, le constructeur a inauguré mardi la ligne de montage d'un moteur électrique de puissance moyenne (160 kilowatts, soit 220 chevaux). Il équipe son nouveau porte-étendard électrique et haut de gamme, la Mégane E-Tech.
Refroidi à l'huile pour de meilleures performances, il est 25% plus compact et 15% plus léger que le moteur de la Zoé, souligne Thomas Denis, le directeur de l'usine.
Ce nouveau moteur a été développé dans le cadre de l'Alliance avec Nissan, et son clone produit au Japon équipe aussi le nouveau SUV de la marque nippone, l'Ariya.
En 2021, les salariés de Cléon ont encore produit 600.000 moteurs et boîtes de vitesse pour des modèles thermiques, ainsi que 167.000 moteurs hybrides et 150.000 moteurs électriques, notamment pour la Zoé. Mais la production de moteurs électriques devrait doubler dans les deux prochaines années.
- Un an en formation -
Et en ajoutant un moteur électrique plus petit pour la nouvelle R5, dont les lignes sont encore protégées par des bâches, la production devrait passer à 500.000 électriques et 510.000 hybrides à partir de 2024, avec un départ total des moteurs thermiques à l'étranger en 2030.
Pour le directeur industriel de Renault, l'Espagnol Jose Vicente de los Mozos, "c'est l'exemple d'une transformation industrielle", avec "un avenir clair", a-t-il lancé lors de l'inauguration.
L'usine doit aussi produire à partir de 2027 un puissant moteur de 200 kilowatts, conçu sans terres rares, et produit en partenariat avec l'équipementier français Valeo.
Cléon aurait ainsi sa place dans la future entité électrique de Renault. Celle-ci doit rassembler 10.000 salariés en France à horizon 2023, avec notamment les trois usines de son pôle "ElectriCity", dans les Hauts-de-France.
A la fin de la ligne de montage, Elise Delabrière, 33 ans, vérifie les moteurs avant leur transfert à l'usine d'assemblage de Douai. Embauchée à Cléon en 2017, elle a commencé sur les lignes de la Mégane thermique avant de partir en formation pendant un an. "J'ai découvert l'installation des machines. Au début, on n'était que dix", explique la conductrice de ligne.
- Moins de main-d’œuvre -
Près de l'entrée du site, le centre de formation interne doit accueillir en juillet ses premiers salariés. Cléon a annoncé fin juin l'embauche de 100 nouveaux collaborateurs en CDI "pour accompagner la transformation électrique du site".
Le nombre de salariés n'a pourtant cessé de baisser à Cléon, notamment dans le cadre d'un plan de départ global lancé par Renault début 2021. "On a 3.096 CDI en activité, alors qu'on était à 3.600 il y a deux ans", souligne William Audoux, représentant de la CGT dans l'usine.
Les moteurs électriques demandent moins de main-d’œuvre: la direction de Renault indique que la fabrication du nouveau moteur est automatisée à 60%, contre 40% pour le moteur de la Zoé, et entre 7 et 30% pour un moteur thermique, selon les pays de fabrication.
La direction dénombre de son côté 3.228 salariés. "On n'a laissé personne de côté", a assuré M. de los Mozos.
Pour atteindre ses ambitieux objectifs ambitieux d'électrification, Renault devra également se sortir de la pénurie de puces électroniques, qui a ralenti la production à Cléon comme dans de nombreuses autres usines automobiles.
Outre les suppressions de postes, la CGT critique le positionnement de Renault sur le haut de gamme, qui doit redorer le blason du Losange, mais met ces modèles hors de portée financière des ouvriers.
"Pour fabriquer les produits, il faut vendre les voitures, et pour les vendre, il faut que les gens aient du pouvoir d’achat", alors que l'inflation progresse et que les salaires n'augmentent pas assez, a souligné M. Audoux.
O.Mehta--DT