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Sept ans après une première tentative avortée, la plateforme française Deezer va faire ses débuts mardi à la Bourse de Paris, convaincue que les conditions sont plus favorables pour les acteurs du streaming musical, un marché en plein boom.
"C'est une deuxième tentative mais la situation est différente de ce qu'elle était en 2015. (...) Le streaming musical est vraiment établi, il représente presque deux tiers des revenus de la musique enregistrée, ce qui n'était pas le cas avant", a confié à l'AFP Jeronimo Folgueira, directeur général de Deezer depuis juillet 2021.
"L'état dans lequel se trouve l'entreprise est aujourd'hui bien meilleur qu'il y a sept ans. L'entreprise a changé, le marché a changé: c'est le bon moment pour franchir cette étape et devenir une société cotée", complète-t-il.
Le dirigeant espagnol va sonner mardi à 09H00 tapantes la cloche dans les locaux d'Euronext, à la Défense, en compagnie du ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
Plus jeune patron européen du New York Stock Exchange après avoir supervisé la cotation du groupe de rencontres en ligne Spark Networks, il va vivre pour la deuxième fois une entrée en Bourse, alors que le contexte est "difficile en ce moment" pour les valeurs technologiques sur les marchés financiers.
Pour réussir cette nouvelle tentative, les principaux actionnaires de Deezer – notamment le milliardaire anglo-américain Len Blavatnik qui détient 43% des parts – ont choisi un système d'introduction moins risqué, via un Spac, un véhicule d'investissement.
Le Spac I2PO, fondé par la famille Pinault, l'homme d'affaires Matthieu Pigasse, et l'ancienne dirigeante de WarnerMedia, Iris Knobloch, a levé des fonds en Bourse pour faciliter la cotation de Deezer et a déjà récolté 143 millions d'euros.
"Ils nous apportent le soutien, l'expertise et le capital dont nous avons besoin pour exécuter notre stratégie", souligne Jeronimo Folgueira, alors que la valorisation de Deezer va atteindre 1,05 milliard d'euros.
- Nouveaux marchés -
Lancé en 2007, le service d'écoute musicale par abonnement revendique près de 30% du marché en France, mais ses 9,6 millions d'abonnés ne pèsent que 2% du marché mondial du streaming musical, loin derrière le leader suédois Spotify (31% de parts de marché), Apple, Amazon et Tencent, selon le cabinet MIDiA.
La stratégie de Deezer, qui veut plus que doubler ses revenus d'ici 2025, est de miser sur la musique, son univers et sa technologie, contrairement à Spotify qui multiplie les lancements de podcasts ou Amazon qui fonce sur les livres audios.
Pour profiter de la croissance rapide du marché mondial du streaming (+26,4% d'utilisateurs en un an au second semestre 2021), Deezer compte surtout s'allier avec des acteurs déjà implantés dans plusieurs marchés clés pour s'appuyer sur des bases de clients déjà existantes: les opérateurs Orange en France et Tim au Brésil, ou encore le groupe RTL en Allemagne.
"Notre intention est de trouver des partenaires avec lesquels nous pouvons entrer sur de nouveaux marchés, car nous avons un produit extrêmement compétitif et, avec la bonne distribution, nous savons que nous pouvons conquérir des parts de marché et rivaliser avec les grands acteurs", explique Jeronimo Folgueira.
Si l'entreprise Believe, spécialisée dans l'accompagnement d'artistes et de labels indépendants, avait levé 300 millions d'euros lors de son introduction en juin 2021 -- une déception face au montant escompté initialement -- Banijay, géant mondial de la télévision, et Betclic, poids lourd européen du pari sportif en ligne, ont réussi leur entrée en Bourse vendredi à Amsterdam.
Réunis sous le nom de FL Entertainment, groupe piloté par le magnat français de l'audiovisuel Stéphane Courbit, le titre regroupant les deux entités s'est apprécié de près de 5% pour son premier jour de cotation.
B.Krishnan--DT