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La Bourse de Paris a fortement reculé, de 1,80%, jeudi face à des indicateurs économiques pointant vers un ralentissement de la consommation des ménages américains et s'ajoutant à un contexte globalement morose, qui a poussé le CAC 40 vers sa plus mauvaise performance mensuelle en deux ans.
L'indice vedette CAC 40 a cédé 108,62 points à 5.922,86 points et a perdu jusqu'à près de 3% en milieu de journée. La veille, il avait déjà reculé de 0,90%.
Au cours du mois de juin, la cote parisienne a chuté de 8,44%, son pire mois depuis mars 2020 et l'entrée en vigueur des confinements pour lutter contre la propagation du Covid-19. Au cours du deuxième trimestre, sa perte s'élève à 11,07%.
Le bilan des six premiers mois de l'année n'est pas mieux: -17,20%, un semestre qui entre dans le Top 5 des pires de l'histoire du CAC 40.
En cause, la perspective d'une forte baisse de l'activité économique liée aux mesures des banques centrales pour reprendre le contrôle sur l'inflation.
Les dernières statistiques publiées n'ont pas aidé à remonter le moral des investisseurs.
Les dépenses des ménages américains ont ralenti au mois de mai sous l'effet d'une inflation record et des revenus pas suffisamment élevés pour compenser la flambée des prix.
L'inflation aux États-Unis s'est accélérée sur un mois de 0,6% contre 0,2% en avril. Sur un an, elle s'est toutefois stabilisée à 6,3%, selon l'indice PCE, l'un des principaux indicateurs de l'inflation, privilégié par la Réserve fédérale américaine (Fed).
Au vu de ces chiffres, "le marché se prépare à une récession forte et durable compte tenu des indicateurs de la consommation qui se dégradent, alors qu'ils s'étaient plutôt bien comportés jusqu'ici", commente Yann Azuelos, gérant de fonds chez Mirabaud.
"Ce n'est pas non plus un indicateur qui s'effondre, c'est peut-être un effet technique de dégradation" après la bonne tenue de la consommation des Américains des derniers mois, tempère-t-il.
En France, les données sont également préoccupantes: la hausse des prix à la consommation s'est encore accélérée au mois de juin pour atteindre 5,8% sur un an, contre 5,2% en mai. Toutefois la consommation des ménages est repartie à la hausse le même mois, de 0,7%, après deux mois de baisse consécutifs.
Autre élément d'inquiétude: les livraisons de gaz russe reçues par les Européens, que le géant Gazprom ne cesse de réduire.
"Le marché s'inquiète, à juste titre, des problèmes d'approvisionnement en gaz russe, mais c'est peut-être un peu tôt pour l'intégrer dans les prix des actifs", estime Yann Azuelos.
La Banque centrale européenne compte demander aux grandes banques de réexaminer leurs plans de distribution de dividendes face au risque de récession en cas d'arrêt des approvisionnements en gaz russe, a déclaré jeudi le président du superviseur bancaire Andrea Enria.
Déjà pénalisées par une baisse des taux d'intérêt sur le marché obligataire, les valeurs bancaires ont fortement reculé: Société Générale a chuté de 6,28% à 20,89 euros, BNP Paribas de 3,64% à 45,37 euros et Crédit Agricole de 2,98% à 8,73 euros.
L'action d'Alstom a chuté de 8,13% à 21,59 euros, les investisseurs semblent s'inquiéter du risque de défaut de paiement du constructeur ferroviaire français vis-à-vis de sa dette, selon Bloomberg, qui évoque une augmentation du coût de l'assurance en cas de défaut sur les marchés.
R.Mehmood--DT