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Le gouvernement équatorien a annoncé tard mercredi une reprise des négociations avec les protestataires indigènes, alors que l'état d'urgence a été déclaré de nouveau dans quatre provinces après deux semaines de manifestations souvent violentes contre la vie chère.
Dans un effort pour "ramener la paix au peuple équatorien, nous avons décidé d'accepter la médiation maintenant offerte par la Conférence épiscopale de l'Equateur (CEE)", a déclaré le ministre des Affaires gouvernementales Francisco Jimenez.
Sans révéler quand les pourparlers pourraient commencer, M. Jimenez a déclaré que le CEE organiserait les détails des négociations, "afin que nous puissions arriver à une solution finale dans ce conflit".
Mardi, le président conservateur Guillermo Lasso a suspendu le dialogue initié la veille avec des représentants indigènes dont Leonidas Iza, chef de la puissante Confédération des nationalités indigènes (Conaie, fer de lance des manifestations), après une attaque en Amazonie au cours de laquelle un soldat a trouvé la mort.
Auparavant, alors que la mobilisation entrait dans son dix-septième jour, quelques milliers d'indigènes ont marché dans les rues du centre-ville ainsi qu'aux abords de la présidence, dans le quartier historique de la capitale, pour réclamer "la reprise des négociations".
En plus ou moins petits groupes, et sans incident notable, les manifestants ont arpenté avenues et carrefours proches du Parlement et autour du Centre culturel équatorien (CCE), un vaste centre culturel indigène qui leur sert de QG et de base de vie.
"Nous sommes ici pour résister (...), nous resterons tant que le gouvernement ne nous donnera pas de réponse", tempêtait Isak, 28 ans, déguisé en Captain America, bouclier étoilé compris. "Nous sommes pauvres, nous avons faim, nous n'avons rien à perdre".
"Nous ne voulons pas dix cents, nous voulons des résultats!", scandait la foule bigarrée, femmes à poncho rouge en tête de cortège, entourée de lanciers à casques de chantiers et boucliers de tôle.
Dimanche, le gouvernement avait annoncé une réduction de 10 cents de dollar pour les carburants, mais les manifestants jugent cette baisse insuffisante et réclament une réduction de plus de 20%.
Dans les rues étroites aux bâtisses élégantes du centre historique survolé par un hélicoptère, tous les commerçants s'empressaient de baisser leur rideau à l'approche du cortège. Depuis le début de la contestation le 13 juin, les abords du Palais Carondelet, la présidence, sont fortifiés derrière de lourdes grilles de fer et des cordons policiers.
- Retour du couvre-feu -
Le président Lasso a posé comme condition à une reprise des discussions la présence de "représentants légitimes" des indigènes "ouverts à un dialogue réel et franc".
"Nous sommes prêts à écouter, à dialoguer, mais nous ne le ferons pas avec un pistolet sur la tempe", a ajouté mercredi son ministre des Affaires gouvernementales, Francisco Jimenez.
"Ils ne peuvent pas continuer les agressions contre la population, bloquer les routes, essayer de mettre le chaos dans le pays", a accusé le ministre sur un média local, en jugeant toutefois les dernières manifestations "beaucoup plus petites".
De son côté, Leonidas Iza a semblé adopter une posture plus conciliante: "Toutes les marches et mobilisations doivent se dérouler dans le calme. N'utilisons plus de prétextes pour ne pas vouloir dialoguer", a-t-il plaidé dans la nuit, peu après avoir assuré "laisser la porte ouverte" à une reprise du dialogue.
Six personnes, cinq manifestants et un soldat, ont été tuées depuis le début des manifestations. Plus de 600 personnes, civils ou membres des forces de sécurité, ont été blessées, avec quelque 150 arrestations, selon des observateurs.
Durant la nuit de mardi à mercredi, deux postes de police ont été incendiés au nord de Quito.
La capitale, où sont rassemblés des milliers de manifestants indigènes, sur les 14.000 dans l'ensemble du pays selon la police, est au coeur de la mobilisation. Quelques petites contre-manifestations pro-gouvernementales s'y déroulent également, à bord de véhicules, dans la partie nord et aisée de la ville, épargnée par les manifestations.
Le gouvernement avait mis fin samedi à l'état d'urgence décrété une semaine auparavant dans six des 24 provinces. Mercredi, il l'a décrété à nouveau dans quatre provinces hors de la capitale, dans la partie andine (Azuay, Imbabura) et en Amazonie (Sucumbios et Orellana).
Cette mesure de trente jours, prévoyant également un couvre-feu, a été prise après des "actions violentes qui ont troublé l'ordre public", et vise à garantir la sécurité publique et l'approvisionnement de ces provinces en produits de première nécessité
Les paysans indigènes du Cotopaxi, à une cinquantaine de km au sud de la capitale, ont promis pour jeudi une "mobilisation massive" à Quito, où la présence indigène semble s'être réduite ces derniers jours.
La contestation pèse sur l'économie du pays, en particulier l'extraction pétrolière. Des mobilisations passées du mouvement indigène ont provoqué la chute de trois présidents entre 1997 et 2005.
I.Uddin--DT