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Malgré une croissance qui sera moins forte qu'anticipé et des dépenses qui vont gonfler pour soutenir le pouvoir d'achat des ménages, le gouvernement compte sur de meilleures recettes pour contenir, comme prévu, le déficit public à 5% du PIB cette année.
Alors que le gouvernement tablait fin 2021 sur une croissance de 4% en 2022, le Covid en début d'année mais surtout la guerre en Ukraine et ses répercussions, en particulier la flambée de l'inflation, sont venus contrecarrer les ambitions d'une poursuite de la reprise économique post-pandémie.
Dans le cadrage macroéconomique du projet de budget rectifié pour 2022 que le gouvernement a transmis mardi pour avis au Haut Conseil des finances publiques (HCFP), Bercy s'attend ainsi à une croissance de 2,5% cette année.
"C’est un chiffre particulièrement rassurant dans un contexte géopolitique difficile", a toutefois jugé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire dans un entretien aux Echos.
Mais après le "quoi qu'il en coûte" durant la crise sanitaire, la hausse des prix inédite depuis les années 1980, attendue par Bercy à 5% en moyenne sur l'ensemble de l'année, contraint le gouvernement à de nouvelles dépenses pour soutenir le pouvoir d'achat des ménages.
Un paquet pouvoir d'achat doit être annoncé mercredi en conseil des ministres, au lendemain du discours de politique générale de la Première ministre Elisabeth Borne devant une Assemblée où le camp présidentiel n'a qu'une majorité relative.
Les mesures déjà annoncées (revalorisation des retraites et des prestations sociales de 4%, prolongation du bouclier tarifaire, augmentation générale de 3,5% des agents publics...) devraient coûter plus de 20 milliards d'euros, même si le gouvernement temporise pour dévoiler le montant précis de l'addition.
"Plus de 25 milliards d’euros de mesures de soutien ont déjà été engagés (...) depuis l’automne 2021" et le coût du nouveau paquet "sera du même ordre de grandeur", a quand même lâché M. Le Maire aux Echos.
- "Maîtrise" des finances publiques -
En dépit de ces nouvelles dépenses, le gouvernement maintient sa prévision de déficit public à 5% du PIB, après 6,5% en 2021, alors que les économistes anticipaient un chiffre supérieur. Le ratio de dette publique devrait lui reculer à 112% du PIB en fin d'année, contre 112,9% fin 2021.
La bonne surprise vient en effet des recettes, puisque grâce à de meilleures rentrées fiscales et sociales attendues (TVA, impôt sur les sociétés, impôt sur le revenu, cotisations), Bercy voit se profiler un surplus de recettes massif de plus 50 milliards d'euros, et même "55 milliards", précise le ministre du Budget Gabriel Attal dans le même entretien aux Echos.
Une aubaine alors que, selon M. Le Maire, la "cote d'alerte" est atteinte pour les finances publiques, avec la remontée des taux d'intérêts qui durcit les conditions d'emprunt de l'Etat.
Le remboursement de la charge de la dette va d'ailleurs augmenter cette année de 17 milliards d'euros.
"Qu'on revoie la croissance à la baisse, qu'on maintienne la prévision de déficit à 5%, c'est le signe (...) de la maîtrise, qu'on s'impose, des finances publiques", défend-on ainsi au ministère de l'Economie.
Mais ce scénario pourrait aussi alimenter les attentes de certaines formations politiques qui réclament davantage d'efforts à l'Etat pour soutenir les ménages, même si Bercy réfute sans ambages par avance les traditionnels soupçons de "cagnotte" qui émergent à chaque fois que les recettes sont meilleures que prévu.
Alors que Mme Borne poursuit les consultations avec les partis présents à l'Assemblée pour tenter notamment d'obtenir un compromis sur le projet de loi pouvoir d'achat et le budget rectificatif, l'exécutif semble peu enclin à alourdir la facture.
Quand le RN ou les LR défendent une baisse massive des taxes sur les carburants par exemple, M. Le Maire a proposé mardi d'"envisager une prolongation de la remise de 18 centimes jusqu’à la fin de l’année (...) plutôt que de nous lancer dans des mesures fiscales extrêmement dispendieuses".
Et à ceux qui veulent chercher de nouvelles recettes via une taxe exceptionnelle sur les surprofits de certaines entreprises, comme Total ou le transporteur CMA CGM, ce n'est "pas forcément la meilleure solution", répond le ministre.
A.Al-Mehrazi--DT