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Un bombardement russe a fait lundi au moins seize morts dans un centre commercial en Ukraine, selon les secours, provoquant une vive condamnation des pays du G7 réunis en Allemagne, qui ont dénoncé un "crime de guerre".
"A l'heure actuelle, nous avons connaissance de 16 morts et de 59 blessés, dont 25 sont hospitalisés. Les informations sont en cours d'actualisation", a indiqué Sergiy Kruk sur Telegram dans la nuit de lundi à mardi.
Les secours à Krementchouk, dans le centre du pays, se concentrent principalement sur le "sauvetage, l'enlèvement des débris et l'extinction des incendies", selon M. Kruk.
Il a ajouté que "tous les groupes d'intervention travaillent en mode intense" et que "les travaux se poursuivront 24 heures sur 24."
Une frappe russe a également tué dans la journée huit civils à un point de distribution d'eau dans l'est, selon Kiev, qui en a appelé au G7 pour mettre fin à la guerre.
C'est "l'un des actes terroristes les plus éhontés de l'histoire européenne", a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky à propos du bombardement d'un centre commercial de Krementchouk, une cité à 330 km au sud-est de Kiev, et à plus de 200 km du front.
Il a frappé "une ville paisible, un centre commercial ordinaire, avec à l'intérieur des femmes, des enfants, des civils ordinaires", a-t-il souligné.
Le monde est "horrifié" par cette frappe, "la dernière en date d'une série d'atrocités", avait peu avant souligné le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.
Le président français Emmanuel Macron a dénoncé une "horreur absolue" et a appelé le peuple russe à "voir la vérité" en face.
Cela "ne fera que renforcer la détermination" des Occidentaux à soutenir l'Ukraine, a lâché le Premier ministre britannique Boris Johnson.
Selon l'armée de l'air ukrainienne, le centre commercial a été atteint par des missiles antinavires Kh-22 tirés par des bombardiers à long rayon d'action Tu-22, de la région russe de Koursk.
A New York, le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric a rappelé que les belligérants étaient tenus par le droit international de "protéger les civils et les infrastructures civiles", jugeant la nouvelle frappe "totalement déplorable".
Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur les derniers bombardements russes contre des cibles civiles en Ukraine est prévue mardi à 19H00 GMT, a-t-on appris lundi auprès de la présidence albanaise de la plus haute instance onusienne.
- "Tiré sur une foule" -
Quelques heures après l'annonce du bombardement de Krementchouk, les autorités ukrainiennes ont annoncé une autre frappe russe meurtrière contre des civils, à Lyssytchansk, une poche de résistance ukrainienne stratégique dans le bassin du Donbass (est).
Dans cette ville jumelle de celle de Severodonetsk, récemment prise par les Russes, au moins huit civils ukrainiens ont été tués et 21 autres blessés lundi pendant qu'"ils collectaient de l'eau à partir d'une citerne", a annoncé le gouverneur régional.
"Les Russes ont tiré sur une foule de gens avec des lance-roquettes multiples Ouragan", a dénoncé Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Lougansk.
Lyssytchansk est la dernière grande ville restant à conquérir pour les Russes dans cette province.
La conquête du Donbass, déjà en partie tenu par des séparatistes prorusses depuis 2014, est l'objectif prioritaire des Russes depuis qu'ils ont évacué les environs de Kiev fin mars.
"Lyssytchansk et les villages voisins vivent leurs jours les plus difficiles. Les Russes détruisent tout sur leur passage", a déploré M. Gaïdaï.
De nouvelles frappes russes sur la grande ville de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine, ont par ailleurs fait lundi soir cinq morts et 22 blessés dont cinq enfants, ont affirmé les autorités locales.
- "Aussi longtemps" qu'il faudra -
Le temps presse et le G7 doit tout faire pour mettre un terme à ce conflit meurtrier avant la fin de l'année et l'arrivée de l'hiver, a souligné Volodymyr Zelensky.
Dans une allocution par visioconférence, avant l'annonce des attaques de Krementchouk et de Lyssytchansk, il a signifié aux dirigeants des sept puissances industrielles rassemblés au château d'Elmau, dans les Alpes bavaroises, que ce n'était "pas le moment de la négociation" avec Moscou, selon des propos rapportés par la présidence française.
Les pays du G7 (Allemagne, Etats-Unis, France, Canada, Italie, Japon, Royaume-Uni) lui ont promis en retour de continuer de soutenir l'Ukraine "aussi longtemps qu'il le faudra".
Parallèlement, ces chefs d'Etat et de gouvernement, réunis depuis dimanche, vont continuer d'"accroître la pression sur (Vladimir) Poutine", a assuré le chancelier allemand Olaf Scholz, hôte de ce sommet, à travers notamment une nouvelle salve de sanctions ciblant l'économie russe.
Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, veulent resserrer l'étau sur Moscou en visant tout particulièrement l'industrie de défense russe, a dit un haut responsable de la Maison Blanche, et ils entendent développer un "mécanisme pour plafonner au niveau mondial le prix du pétrole russe".
Le G7 va également "se coordonner pour utiliser les droits de douane sur les produits russes afin d'aider l'Ukraine", selon la même source.
- Marathon diplomatique -
Malgré la lourdeur des sanctions frappant l'économie russe depuis le déclenchement de l'offensive sur l'Ukraine le 24 février, le Kremlin a assuré lundi qu'il n'y avait "aucune raison" d'évoquer un défaut de paiement de la Russie.
Les autorités russes ont toutefois reconnu qu'à cause des sanctions, deux versements n'étaient pas parvenus aux créanciers avant la date limite de dimanche.
Tandis que Kiev ne cesse de réclamer davantage de livraisons d'armes, les Etats-Unis envisagent désormais de lui fournir un système sophistiqué de missiles sol-air de "moyenne et longue portées".
La France va envoyer "dans des quantités significatives" des véhicules blindés de transport de troupes en Ukraine, a annoncé lundi soir le ministre français des Armées Sébastien Lecornu.
Les dirigeants du G7 boucleront leur sommet mardi, jour où Vladimir Poutine doit effectuer son premier déplacement à l'étranger depuis le déclenchement de l'offensive en Ukraine, au Tadjikistan, une ex-république soviétique d'Asie centrale.
Le marathon diplomatique des alliés se poursuivra mardi avec le sommet de l'Otan à Madrid, un rendez-vous auquel M. Zelensky doit également participer à distance.
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H.Sasidharan--DT