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Des licornes, des paillettes, du strass et du gros son: malgré un ciel parisien bien gris, la marche des Fiertés LGBT+ a retrouvé des couleurs samedi, après deux années ternies par le Covid-19.
Peu après 14h30, une foule compacte s'est élancée depuis la porte Dorée en direction de la place de la République, sous une pluie fine et dans une ambiance festive comme c'est le cas généralement depuis les années 1970.
Les autorités, qui anticipaient une mobilisation de 25 à 35.000 personnes dans la capitale, ont décidé de renforcer la sécurité au lendemain de la fusillade mortelle à Oslo près d'un club gay.
Mais l'inquiétude n'était pas de mise parmi les participants. Plusieurs d'entre eux arboraient des pancartes "free hug" (calin gratuit), appelaient à "imaginer la vie gayment" ou encore proclamaient: "on est pas des monstres". Aux abords du cortège, des vendeurs de chapeaux, drapeaux, sifflets et autres goodies aux couleurs arc-en-ciel ravitaillaient les troupes.
Le mot d'ordre choisi cette année par le collectif associatif Inter-LGBT, qui organise cette marche, est: "Nos corps, nos droits, vos gueules !". Une formule virulente assumée qui vise notamment à protester contre la "banalisation" de la "parole LGBTQIphobe et surtout transphobe", trop souvent ignorée des pouvoirs publics, selon eux.
La marche est aussi en solidarité avec l'Ukraine. En guise de symbole, c'est Anna, militante lesbienne venue de ce pays en guerre, qui a été la première à prendre la parole dans le carré de tête.
"Il y a deux situations qui ont vraiment changé ma vie: un très mauvais coming-out il y a douze ans et puis la guerre", a-t-elle témoigné en français, se réjouissant d'être devant "des personnes libres et courageuses" et appelant au soutien.
D'autres prises de parole ont suivi pour dénoncer l'homophobie, mais aussi pour s'inquiéter de la montée de l'extrême-droite, mettre en avant le sort des migrants LGBT ou encore s'émouvoir de la décision vendredi de la Cour suprême américaine de révoquer le droit à l'avortement.
Une militante a également insisté sur le fait que la marche est "un grand moment de revendication" et non "une grande fête colorée avec de la bonne musique".
- "On existe" -
Mais dans la foule, l'ambiance était joyeuse. Venue de l'Aube avec son épouse, Sandrine Martineau, 51 ans, coiffe à plumes, s'est dite "fière" et "époustouflée" par l'affluence.
Beaucoup de jeunes étaient présents, à l'image de Sandra Vail, 19 ans, "fière de représenter la communauté LGBT" et de "montrer que l'amour n'a pas de sexe".
Non loin de là, Eloise, 15 ans, venue d'Etampes avec des copines pour sa première marche, entendait "dire qu'on est là, qu'on existe" et se réjouissait de passer un moment avec d'autres LGBT parce qu'"au collège, il n'y a pas grand monde...".
Paillettes de strass collées sur le front, Jennifer Than, 22 ans, pour qui c'était aussi une première, insistait sur le fait qu'"il faut accepter tout le monde et c'est tout !".
Dans l'après-midi, les organisateurs avaient prévu trois minutes de silence en hommage aux victimes du sida. Un concert était aussi au menu en fin de journée avec une centaine d'artistes dont Bilal Hassani, ex-candidat de la France à l'Eurovision.
Outre cette manifestation habituelle, des marches alternatives sont apparues ces dernières années, affichant d'autre slogans et revendications, souvent plus contestataires.
Le 4 juin, un millier de personnes ont ainsi défilé à Saint-Denis pour la deuxième "pride des banlieues".
Et le 19 juin ils étaient, selon les associations, quelque 50.000 à Paris à la "Pride radicale" anti-capitaliste et anti-raciste.
F.Chaudhary--DT