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L'Autorité de sûreté nucléaire a de nouveau épinglé la centrale nucléaire de Gravelines (Nord), la plus puissante d'Europe occidentale, pour ses performances en 2021 en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection.
Pour la deuxième année consécutive, le "gendarme" français du nucléaire considère que les performances de cette centrale "sont en retrait en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection par rapport à l'appréciation générale que l'ASN porte sur les centrales nucléaires d'EDF", selon un communiqué diffusé à l'issue d'une conférence de presse jeudi de sa division de Lille.
En revanche, les performances de la centrale quant à la protection de l'environnement, également jugées insatisfaisantes par l'ASN l'année dernière, rejoignent cette fois l'appréciation générale.
"Les performances en matière de sûreté nucléaire ne se sont pas améliorées en 2021, notamment en matière de rigueur d'intervention", précise l'ASN, pointant des "pratiques ou comportements inadaptés" dans cette centrale, dont les six réacteurs de 900 MW ont été mis en service entre 1980 et 1985.
Elle cite l'exemple d'un agent ayant coché par anticipation sa visite dans un local mais n'y étant pas allé. Un début de fuite avait lieu dans ce local et n'a donc été constaté que le lendemain, entraînant la mise à l'arrêt d'un réacteur.
Pour la radioprotection, l'ASN juge que "la situation reste dégradée et que le site ne parvient toujours pas à rétablir un niveau satisfaisant".
En 2021, l'autorité de contrôle a recensé 11 événements significatifs, classés au niveau 1 de l'échelle internationale des événements nucléaires, dont un en matière de radioprotection.
L'ASN constate aussi que 2021 a été marquée par "des prolongations importantes des durées d'arrêt pour maintenance et renouvellement en combustible des réacteurs".
Toutefois, dans ces différents domaines, une inspection renforcée menée en 2022 a montré que "des voyants passaient au vert", grâce à de meilleures connections entre la direction et le terrain.
"Gravelines est plutôt en fin de peloton mais n'a pas décroché", a souligné Rémy Zmyslony, chef de la division de Lille de l'ASN. "Le niveau d'exigence que demande l'ANS est élevé: ce n'est pas parce que les résultats sont sous la moyenne que la centrale n'est pas sure".
A l'issue de sa quatrième visite décennale, achevée en avril, et d'une enquête publique qui doit se tenir fin 2022-début 2023, l'ASN devra autoriser ou non la poursuite de l'exploitation du réacteur 1 au-delà de 40 ans.
D.Farook--DT