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Les salariés de l'entreprise publique chilienne Codelco, plus grand producteur de cuivre au monde, ont entamé mercredi une grève nationale "indéfinie" pour s'opposer à la fermeture d'une fonderie dans le "Tchernobyl chilien".
Située dans une région industrielle fortement polluée surnommée ainsi par Greenpeace car elle abrite des entreprises minières, pétrolières, cimentières, gazières et chimiques, la fonderie Ventanas emploie 350 salariés auxquels le président chilien a promis le reclassement.
"Il y a un soutien total pour cet arrêt et en solidarité avec les travailleurs de la division Ventanas", a déclaré la Fédération des travailleurs du cuivre (FTC) dans un communiqué, faisant état d'arrêts de travail dans de nombreux sites de l’entreprise.
La FTC regroupe quelque 14.000 salariés de Codelco et l'appel inclut également les contractants externes, soit plus de 40.000 personnes, selon le président de la FTC, Amador Pantoja, interviewé par une chaîne de télévision locale. Selon lui, l'arrêt de travail coûte à la Codelco environ 20 millions de dollars par jour.
Le syndicat considère la décision de fermeture "arbitraire" et exige un investissent de 54 millions de dollars pour mettre l'usine en conformité avec les normes environnementales.
Des barricades ont été incendiées et des dizaines de travailleurs bloquaient mercredi l'accès à la fonderie. "Non à la fermeture, oui à l'investissement", peut-on lire sur l'une des banderoles.
Cette décision de fermeture intervient après plusieurs épisodes d'intoxication et de pollution de l'air.
Le 9 juin, plus d'une centaine d'habitants de Quintero et Puchuncavi, deux villes dortoirs du bassin industriel situées à quelque 140 km à l'ouest de Santiago, ont été intoxiqués par du dioxyde de soufre rejeté par l'industrie lourde, second épisode de pollution grave en trois jours ayant entraîné la fermeture des écoles.
Le dioxyde de soufre, indicateur de la pollution liée aux combustibles fossiles, fait partie des polluants de l'air dits classiques avec les particules en suspension, l'ozone, le dioxyde d'azote et le monoxyde de carbone.
"Nous ne voulons plus de zones de sacrifice (environnemental). Il y a aujourd'hui des centaines de milliers de personnes qui vivent dans notre pays exposées à la dégradation sévère de l'environnement que nous avons provoquée ou consentie et pour laquelle, en tant que Chilien, j'éprouve de la honte", avait déclaré le président Gabriel Boric lors de l'annonce de fermeture.
La pollution s'est accrue dans cette zone de 50.000 habitants lorsque le gouvernement chilien l'a convertie à partir de 1958 en un centre industriel qui abrite aujourd'hui quatre centrales électriques au charbon et des raffineries de pétrole et de cuivre.
Y.Rahma--DT