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Plusieurs anciens amis et le propre frère de Nordahl Lelandais l'ont supplié mardi de se livrer sur les circonstances de la mort de la petite Maëlys, au deuxième jour de son procès pour meurtre devant la cour d'assises de l'Isère.
"Il faut que tu dises à ses parents (...) même si c'est horrible, ce que tu as fait", l'a exhorté dans la matinée un ancien proche, un soudeur trentenaire. "Fais l'effort pour elle, pour ses parents", a-t-il lancé à l'accusé de 38 ans.
La compagne de ce dernier, auditionnée à son tour dans l'après-midi, s'est montrée encore plus virulente : "Nono, parle! Il t'est passé quoi dans la tête quand tu as fait monter la petite dans ta voiture ? Tu as eu une pulsion sexuelle, quelque chose ? Il y a forcément eu quelque chose", lui a-t-elle asséné, tournée vers son box.
L'accusé, debout de l'autre côté de la vitre, pleure et répète qu'il "(s'expliquera) par la suite". "Bien sûr, je m'excuse auprès de mes amis", lâche-t-il encore.
Son avocat Me Alain Jakubowicz l'interrompt alors et reproche soudain à la présidente un "problème de méthode" dans le déroulement de l'audience du jour. Il rappelle qu'elle est théoriquement dédiée au seul examen de la personnalité de l'accusé.
Nordahl Lelandais devrait avoir l'occasion de s'expliquer mercredi après-midi, lorsqu'il sera entendu sur les faits.
Un autre témoin, aussi son ami à une époque, enchaîne à son tour sur le même thème: "Il n'y a vraiment qu'une seule chance, il faut y aller maintenant", lui lance-t-il. "Etre jugé en homme compris, c'est tout ce qui te reste", a-t-il exhorté d'une voix triste.
Me Laurent Boguet, avocat du père de la fillette, a regretté après l'audience que l'accusé n'ait pas montré "la moindre amorce de volonté de parler".
Un avis partagé par Me Fabien Rajon, qui défend la mère de la victime. "Je peux me tromper, je l’espère, mais Nordahl Lelandais me paraît difficile à bouger et je suis relativement pessimiste quant à sa capacité à nous dire ce qui s’est vraiment joué le soir de la disparition de Maëlys".
- "Dommages collatéraux" -
Maëlys De Araujo, huit ans, avait disparu dans la nuit du 26 au 27 août 2017 lors d'une soirée de mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère). Rapidement soupçonné, Nordahl Lelandais avait été confondu en février 2018 par la découverte d'une tâche de sang dans le coffre de sa voiture. Il avait alors admis l'avoir tuée "involontairement", mais les circonstances du décès de la fillette demeurent floues.
Plus tôt mardi, son frère Sven Lelandais avait lui aussi appelé son cadet à "se soulager en disant ce qui a été fait".
"Malheureusement, que ce soit la famille de la petite ou la nôtre, on est des dommages collatéraux. Ils ont besoin de comprendre et nous avons besoin de comprendre", a-t-il souligné.
Plus tôt, une ex-compagne âgée de 34 ans qui a fréquenté l'accusé environ six mois en 2013-2014, avait pour sa part décrit un homme "charmeur", "marrant" et "serviable" mais également doté d'un "côté sombre", parfois colérique.
Leur séparation a été "très compliquée", émaillée de "menaces" de la pousser du haut d'une montagne ou de lui "faire bouffer le carrelage", ainsi que de brutalités, a-t-elle raconté.
A l'ouverture des débats lundi matin, Nordahl Lelandais avait tenu à "présenter (ses) excuses" à la famille de la fillette et promis de "(s)'expliquer sur les faits au cours de l'audience". Des déclarations déjà été accueillies avec scepticisme par la partie adverse.
L'accusé sera également jugé pour agressions sexuelles à l'encontre de deux petites-cousines âgées à l'époque de cinq et six ans, ainsi que pour détention et enregistrement d’images pédopornographique.
Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer, Nordahl Lelandais n'avait pas fait appel. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Verdict attendu autour du 18 février.
A.Ragab--DT