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Des investisseurs et des entreprises de défense, se réunissent jeudi à Bercy pour réfléchir aux meilleures façons pour les premiers de financer les seconds, dans le cadre de l'effort national de défense auquel a solennellement appelé Emmanuel Macron le 5 mars.
La nouvelle situation, engendrée par l'évolution de la position américaine vis-à-vis de l'Ukraine et la menace russe, "exige une accélération de notre armement", a rappelé Matignon en amont de cette réunion.
La "base industrielle et technologique de Défense" (BITD) française comporte neuf grands groupes, comme Dassault Aviation, Safran, Thales ou Airbus, mais aussi 4.000 PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI), dont 1.000 sont stratégiques.
Jeudi, certains acteurs financiers devraient prendre position en faveur d'un soutien à ces entreprises, "et l'idée est d'entraîner les autres dans leur sillage", indique-t-on au gouvernement. Entre un et trois milliards d'euros de fonds propres supplémentaires seraient nécessaires pour les entreprises du secteur, selon ses estimations.
Des investissements en échange d'actions en Bourse, ce qui présente l'avantage de voir l'investisseur devenir un partenaire de long terme qui renforce la position de l'entreprise, notamment lorsqu'elle doit emprunter.
La consolidation du secteur pourrait aussi être évoquée jeudi, c'est-à-dire le rapprochement d'activités de certains groupes.
- "L'ESG de demain" -
Énumérant samedi sur France Inter les sujets de la réunion - "Est-ce que les entreprises de défense ont besoin de prêts, de fonds propres, de capacité à produire plus?..." -, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin avait ajouté: "est-ce qu'elles ont besoin de capacité à travailler plus en tant que groupe européen, plutôt que petites entreprises?".
Mais le secteur financier est souvent réticent à investir dans la défense.
Les banques, fonds d'investissement ou assureurs sont en effet particulièrement sensibles aux "risques ESG" (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans leurs investissements. Des évolutions de doctrine pourraient être annoncées jeudi.
Mardi, à l'occasion de la conférence annuelle de l'opérateur boursier paneuropéen Euronext, le patron de ce dernier Stéphane Boujnah s'était montré très favorable à une redéfinition: "L'ESG de demain c'est +Energie, Sécurité et Géostratégie+", a-t-il lancé.
Mercredi, France Assureurs, la fédération des assureurs français, a assuré que ceux-ci étaient "prêts à prendre toute leur part dans l'effort de réarmement du pays".
De même, les six grandes banques regroupées dans la FBF (Fédération bancaire française) se sont dites mardi "pleinement mobilisées pour financer les besoins attendus du secteur", outre les 37 milliards d'euros qu'elles y investissent déjà.
Alors qu'Emmanuel Macron en a appelé aux Français pour s'associer à l'effort de défense, des annonces jeudi pourraient concerner aussi l'orientation d'une partie de l'épargne des particuliers vers ce secteur, de manière entièrement volontaire.
- "Point de départ" -
Pour aider la BITD, le ministère des Armées sera aussi "particulièrement exigeant", dans le contexte actuel, sur le fait que les grands industriels déclinent bien les commandes et les paiements passés par l'État vers leurs sous-traitants.
Le ministre de l'Économie Eric Lombard et celui des Armées Sébastien Lecornu prononceront des discours au début de la réunion, qui occupera la matinée et s'organisera en deux tables rondes, auxquelles participeront aussi les deux établissements financiers publics Bpifrance et Caisse des Dépôts.
L'évènement sera surtout, explique Bercy, "un point de départ" du dialogue à venir sur le financement prochain de la défense.
Il se tiendra en présence de parlementaires et s'inscrit dans le cadre d'une semaine dédiée à l'effort de défense. Mardi, le Premier ministre François Bayrou a rencontré la présidente de la Banque européenne d'investissement (BEI), évoquant avec elle largement cette question.
Jeudi après-midi, MM. Lombard et Lecornu doivent se rendre à Bergerac chez le fabricant de poudre et d'explosifs Eurenco, et M. Bayrou est attentu vendredi pour une visite à l'usine de fabrication de canons KNDS à Bourges.
L'UE tout entière est mobilisée sur la défense depuis le début du mois: mercredi, elle a donné le coup d'envoi d'un vaste plan visant à réarmer le continent d'ici à 2030, doté de 800 milliards d'euros.
W.Zhang--DT