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Trois mois après leur dernier mélodrame budgétaire, les Etats-Unis se retrouvent à nouveau face à la perspective d'une paralysie de l'Etat fédéral, tandis que Donald Trump exhorte le Congrès à adopter un texte avant vendredi soir pour éviter cette situation impopulaire.
"Nous verrons bien, mais ça pourrait se produire", a déclaré le président américain dimanche à bord d'Air Force One, à propos de la possibilité de voir l'Etat fédéral à court de financement dans la nuit de vendredi à samedi.
Une situation qui provoquerait donc la paralysie budgétaire de l'Etat fédéral, le fameux "shutdown". Des centaines de milliers de fonctionnaires se trouveraient alors au chômage technique, sans paie avant une résolution de la situation, tandis que le trafic aérien serait perturbé, ou que le versement de certaines d'aides alimentaires aux familles à bas revenu seraient affectées.
Le Congrès avait évité à la dernière minute une telle paralysie en décembre, juste avant Noël, et avait repoussé l'échéance jusqu'au 14 mars.
En raison du caractère toujours impopulaire d'un "shutdown", Donald Trump souhaite éviter un tel risque.
Il se souvient sûrement que lors de son premier passage à la Maison Blanche, un litige avec les démocrates sur le financement de la construction de son mur à la frontière avec le Mexique avait provoqué une paralysie partielle de l'Etat fédéral pendant 35 jours.
- Fine marge de manoeuvre -
Le républicain a donc apporté son soutien à la proposition budgétaire, présentée samedi, pour financer l'Etat fédéral jusqu'en septembre. Une nouvelle mesure temporaire qui donnerait une plus grande marge de manoeuvre en vue de l'adoption d'un budget plus conséquent dans les mois à venir -- avec notamment le financement de certaines de ses mesures phares, comme son programme d'expulsions de migrants.
Les républicains au Congrès "ont concocté, au vu des circonstances, un très bon texte de financement", a écrit le président sur sa plateforme Truth Social samedi, appelant tous les parlementaires républicains à voter en sa faveur.
Mais la fine majorité dont les républicains disposent à la Chambre des représentants pourrait compliquer la tâche.
Son président, le "speaker" Mike Johnson, sait qu'il ne peut pas se permettre de perdre plus d'une poignée de voix. Mais certains élus conservateurs, tenants de l'orthodoxie budgétaire, s'opposent traditionnellement à ces textes budgétaires temporaires, arguant qu'ils ne font qu'aggraver la dette des Etats-Unis.
"Nous devons rester UNIS - PAS DE DISSIDENCE", a exhorté samedi Donald Trump.
L'opposition démocrate a déjà affirmé de son côté qu'elle s'opposerait au texte, dans un contexte de coupes claires dans les services publics, sous l'égide d'Elon Musk.
L'homme le plus riche du monde, patron notamment de Tesla et SpaceX, est devenu lors de la campagne de 2024 un allié et important soutien financier de Donald Trump.
- "Chèque en blanc" -
A la tête d'une commission à l'efficacité gouvernementale (Doge) depuis la victoire du républicain, Elon Musk s'est lancé dans le démantèlement de plusieurs agences gouvernementales, qu'il accuse de fraude et de gestion dispendieuse, et le limogeage de dizaines de milliers de fonctionnaires.
Pour l'élue démocrate Rosa DeLauro, le texte proposé par les républicains pour éviter le shutdown "ferme la porte des négociations" entre les deux partis et représente "un chèque en blanc pour Elon Musk".
"Elon Musk et le président Trump volent aux classes moyennes, aux séniors, aux anciens combattants, aux travailleurs, aux petites entreprises, et aux exploitations agricoles afin de financer des crédits d'impôts pour les milliardaires et les grandes entreprises", a-t-elle dénoncé dans un communiqué samedi.
Si le texte passe la Chambre des représentants, il devra encore être adopté au Sénat, où un certain nombre de voix démocrates seront nécessaires.
En attendant, chaque camp se rejette la responsabilité de la situation.
"Les démocrates vont faire tout ce qu'ils peuvent pour paralyser notre gouvernement", a accusé Donald Trump samedi.
Le chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a affirmé de son côté que les républicains étaient "déterminés à paralyser le gouvernement et faire s'écrouler l'économie".
A ce jeu de poker menteur, reste à voir qui les électeurs blâmeront si vendredi soir les Etats-Unis se trouvent effectivement en situation de paralysie.
S.Al-Balushi--DT