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Dans un marché du centre de Pékin, clients et vendeurs font peu de cas de l'entrée en vigueur lundi de droits de douane sur une gamme de fruits, légumes et autres produits importés des Etats-Unis.
L'Etat-parti chinois a répliqué aux droits de douane du président américain Donald Trump en décidant de taxes de 10% à 15% sur plusieurs produits agricoles américains entrant en Chine, dont le poulet, le boeuf, certaines céréales et le coton.
Mais malgré une répercussion possible sur les prix, vendeurs et clients de ce marché pékinois restent confiants.
"Si les prix montent, alors les gens consommeront moins de produits importés", expose à l'AFP M. Shi, un marchand de fruits.
"La vente des produits locaux va augmenter, et je pense que c'est quelque chose que les gens peuvent accepter", poursuit-il.
Sur l'étal de M. Shi, des produits du monde entier sont soigneusement présentés: bananes, fraises, durians ou encore mangoustans.
Mais il affirme que les fruits provenant de Chine sont ceux qui se vendent le mieux.
"Nos produits locaux sont plus frais que les choses importées", soutient ce trentenaire, qui travaille depuis trois ans sur le marché.
M. Shi estime qu'il pourrait vendre moins de variétés américaines pour les remplacer par des produits venant d'autre pays, comme la Thaïlande et la Malaisie.
Entre les étals, un flot ininterrompu de clients, pour la plupart des retraités, déambule les mains chargées de sacs remplis de viande et de produits frais.
Parmi eux, He Yulian, venue rendre visite à sa fille à Pékin, affirme qu'elle se fait peu de cas de la guerre commerciale naissante.
Pour la sexagénaire, la qualité du produit importe plus que son origine.
Mais "si on sait qu'un produit vient des Etats-Unis, alors on pourra essayer d'en acheter moins, voire pas du tout", ajoute-t-elle.
- Scandales alimentaires -
Malgré tout, cette retraitée du Shanxi reconnaît préférer certains produits importés, comme le lait ou sa version en poudre pour enfants, à leurs équivalents chinois.
Plusieurs scandales alimentaires ont laissé des traces dans la société chinoise.
En 2008, un produit laitier auquel avait été ajouté de la mélamine, un produit toxique, avait tué six enfants et empoisonné des centaines de milliers d'autres.
Ces dernières années, l'Etat-parti chinois a promis de renforcer la règlementation en matière de sécurité alimentaire.
Mais la méfiance persiste: en 2022, le géant chinois de produits transformés à base de viande de porc, Henan Shuanghui, avait dû s'excuser après la révélation de pratiques non hygiéniques, comme l'emballage de morceaux de viande tombés au sol.
"Ce n'est pas que nous ne sommes pas patriotes", insiste Mme He, mais c'est parce que "nous avons une responsabilité envers nous-mêmes".
Les droits de douane chinois sont entrés en vigueur lundi - les produits expédiés avant cette date en seront toutefois exemptés jusqu'au 12 avril.
Pour M. Shi, la guerre commerciale initiée par Donald Trump bénéficiera in fine aux produits chinois, en les rendant plus compétitifs.
Mais il reconnaît que les consommateurs en paieront d'abord le prix.
Après tout, "ce sont les gens ordinaires qui en souffrent le plus", conclut-il.
F.Chaudhary--DT