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Le nouveau président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) sera connu mardi, après dix ans de mandat de François Asselin, qui quitte son poste satisfait d'avoir contribué à rehausser la place des PME dans le débat économique.
Trois candidats sont en lice depuis septembre pour un mandat de 5 ans, auprès des 122 fédérations et 112 unions territoriales qui composent la CPME.
Ils ont, ou vont avoir, 60, 50 et 40 ans.
Alain Gargani préside la CPME Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur et dirige l'agence d'organisation de congrès AOS. Il veut rendre la CPME "plus forte et plus influente".
Gaétan de Sainte Marie souhaite promouvoir "le réflexe PME". Vice-président de la CPME du Rhône, il dirige la centrale d'achat Qantis.
Le benjamin, Amir Reza-Tofighi, soutenu par de nombreuses fédérations, fait figure de favori. Dirigeant de Vitalliance (aide à la personne, 8.500 collaborateurs), qu'il a cofondée très jeune, il a présidé une fédération, la Fédésap (services à la personne), atout que ses concurrents n'ont pas. Il souhaite rendre la CPME "forte dans le débat d'idées".
Verdict mardi après-midi.
La CPME est la première organisation patronale pour le nombre d'entreprises adhérentes, avec une représentativité - basée pour sa part sur le nombre de salariés - de 25,54%, entre le Medef (69,21%) et l'U2P (entreprises de proximité, 5,24%). Réalisé tous les quatre ans, le nouveau comptage sera annoncé en juillet.
- Grenouille -
"Je n'ai jamais voulu être la grenouille qui veut être plus grosse que le bœuf", assure François Asselin, élu en 2015 puis réélu, "mais aujourd'hui c'est difficile de ne pas faire avec la CPME. Elle est tout à fait en mesure de +tenir la plume+ d'un accord".
Avec la mise en place d'une "feuille de route stratégique" sur les combats à mener, il pense avoir fait de l'ex-CGPME qui savait "gueuler" une organisation capable "de proposer".
Toujours disponible pour donner le point de vue de la CPME aux médias, il a largement contribué à sa visibilité.
François Asselin est heureux que les partenaires sociaux soient remis "en position de responsabilité" avec la négociation sur les retraites, et souhaite y voir avancer les thèmes de la capitalisation et de l'usure professionnelle.
Pour lui, le futur sujet "énormissime" sera d'assurer une couverture sociale aux 2,4 millions d'auto-entrepreneurs, tout en "sécurisant juridiquement" l'entreprise donneuse d'ordre.
Ses dix ans à la tête de la CPME, qu'il qualifie d'"années exceptionnelles", sont une chronique du macronisme.
Après quelques "machines à broyer l'initiative" rencontrées en fin de quinquennat Hollande, il salue la stabilité fiscale, et le "point de bascule" qu'ont constitué les ordonnances travail de septembre 2017, abattant des barrières juridiques mais favorisant ainsi l'embauche, assure-t-il.
Il avoue néanmoins s'être "senti ringard" devant le concept de "start-up nation".
Avec la crise des Gilets Jaunes en 2018, "on a commencé à perdre le cap, le +bon sens PME+", au profit de la prééminence des sujets sociétaux dans le débat.
- "Moment magique" -
Il salue cependant "le moment magique", pour des entrepreneurs aux abois, du déblocage rapide des aides pendant le Covid.
Celui qui a comparé cent fois les patrons de PME à "des risque-tout enquiquinés par des risque-rien", ajoutant toujours avec malice qu'il "ne visait bien sûr pas des personnes", juge que, dans ces cas-là, "c'est quand même chouette, la France".
A 60 ans, il s'apprête à assurer sur quelques années la transmission d'Asselin, l'entreprise familiale de "menuiserie et charpente d'exception" qu'il dirige depuis 1993 à Thouars (Deux-Sèvres).
Récemment, elle a participé à la reconstruction de la flèche de Notre-Dame. Une carte de visite prestigieuse, convient le dirigeant, notamment aux Etats-Unis où Asselin réalise 15% de son chiffre d'affaires, confectionnant des menuiseries "à la française" pour des demeures cossues.
François Asselin part avec un regret, l'écart persistant entre "la bienveillance" qu'inspirent désormais les PME, et des élus qui "jouent à la politique sur leur dos". Et un espoir, qu'une dette publique inquiétante fasse passer l'économie "dans le temps du pragmatisme".
Y.El-Kaaby--DT