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Des rassemblements et manifestations clairsemés "pour l'emploi et l'industrie" se sont tenus jeudi dans plusieurs villes en France, avant la nomination d'un nouveau Premier ministre sommé de répondre à "l'urgence sociale" par la CGT, dans un contexte marqué par l'explosion des plans sociaux.
Le cortège parisien n'a pas attiré les foules des grands jours avec quelque milliers de personnes réunies, selon une journaliste de l'AFP.
Pas de quoi entamer la détermination de Valérie Lefebvre-Haussmann, salariée d'une banque et responsable syndicale, venue "en solidarité avec les salariés de l’industrie" menacés de licenciement, "mais aussi parce que même dans nos secteurs (banques et assurances, NDLR) nous ne sommes pas épargnés". "Au nom de la rentabilité, on ferme des agences, on remercie des employés (…) et nos salaires stagnent", s'agace-t-elle.
Non loin, Nicolas, 37 ans, qui souhaite conserver l'anonymat, revendique lui "le droit au travail face aux licenciements de plus en plus massifs".
Les rassemblements, lancés par la CGT, rejointe par Solidaires et FSU, ont été initiés alors que les annonces de plans sociaux se succèdent dans les grandes entreprises (Auchan, Michelin, Vencorex, PPG...), chez des sous-traitants ou petites structures, visant de nombreux secteurs (métallurgie, commerce, secteur public et associatif, banques et assurances, chimie...) un peu partout sur le territoire français.
La CGT avait dénombré le 27 novembre 286 plans sociaux. Elle en recense désormais 300, tout en reprenant les données du cabinet Altares qui comptabilise 300.000 emplois menacés ou supprimés.
"Des urgences sociales, il y en a partout dans le pays", a déploré Sophie Binet, venue aux côtés des salariés des Fonderies de Bretagne à Lorient (Morbihan) où "400 emplois sont en jeu".
La leader, qui dénonce une nouvelle fois "cette saignée industrielle", a imploré la nomination d'"un Premier ministre qui réponde aux urgences sociales", alors que le nom d'un nouveau locataire à Matignon se fait attendre.
- "Compliqué de se mobiliser" -
Mais l'appel semble peu entendu par les salariés. "C'est compliqué de se mobiliser lorsqu'on sait qu'on n'a pas d'interlocuteurs en face", juge une source syndicale, sous couvert d'anonymat.
Pour Anthony Bruno, cheminot de 23 ans présent dans le cortège lyonnais, "même si les taux de grévistes varient selon les entreprises, (il faut) montrer que c'est tous ensemble qu'il faudra qu'on riposte" . "On est tous attaqués, qu'on soit du public ou du privé", plaide-t-il, mais là encore, ils ne sont qu'environ 200 personnes à être venues, a constaté l'AFP.
Plus tôt, à Nantes, 1.400 personnes, selon la préfecture, ont bravé un froid sec et mordant comme Danielle Stervinou, ancienne vendeuse et retraitée de 73 ans, pour défendre, entre autres, une revalorisation des petites retraites: "Je touche 759 euros par mois et avec l’inflation et les augmentations de toutes parts, j’ai l’impression que ma retraite ne cesse de régresser".
Contrairement à la grève lancée par l'ensemble des organisations syndicales la semaine dernière dans la fonction publique, cette fois l'intersyndicale n'a pas pris position, divisée sur les stratégies à adopter, fragilisant un peu plus l'ampleur de la mobilisation.
Seuls Solidaires et la FSU ont ainsi rejoint le mouvement.
Force ouvrière a de son côté apporté son soutien à "toutes les initiatives et mobilisations déjà décidées" par ses troupes localement.
Côté rail, le trafic est "normal" pour tous les TGV, mais de légères perturbations touchent les trains régionaux "avec en moyenne nationale huit trains sur dix". En Ile-de-France, les lignes les plus perturbées sont le RER D (un train sur trois en moyenne) et la ligne R du Transilien (un train sur cinq).
Dans la branche électrique et gazière, la grève est reconduite chez GRT Gaz dont les salariés s'étaient déjà fortement mobilisés il y a une semaine.
T.Jamil--DT