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Il fut le "patron des patrons" sous la présidence de François Mitterrand, auprès de qui il fut un défenseur acharné des chefs d'entreprise: Yvon Gattaz est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi, à presque 100 ans.
M. Gattaz est décédé "cette nuit, entouré des siens", a annoncé sa famille à l'AFP.
Né le 17 juin 1925 à Bourgoin (Isère), dans une famille où il n'avait "jamais entendu prononcer le mot entreprise", Yvon Gattaz a d'abord fondé, avec son frère Lucien, l'entreprise Radiall, fabriquant des composants électroniques pour l'aéronautique, dont son fils est aujourd'hui dirigeant.
A la présidence du CNPF, il restera dans les mémoires comme le "patron des patrons" lors du choc de l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, partisan de "la cohabitation économique" avec le socialiste François Mitterrand.
Cet enfant d'une famille d'enseignants de province, centralien, que rien ne destinait au départ à l'entreprise, nouera vite le dialogue et même une relation de confiance avec le président socialiste.
Ils auront 14 longs entretiens, qu'il racontera dans un ouvrage publié en 1999, "Mitterrand et les patrons".
Il y narrera avoir rapporté à Mitterrand "l'exaspération des chefs d'entreprise" et appelé à "stopper les saignées qu'on leur impose pour financer le progrès social".
"La multiplication des emplois passera par la multiplication des employeurs !", disait Yvon Gattaz à l'AFP en 2014, tout comme dans les colonnes du Matin le 16 décembre 1981, jour de son élection à la présidence du CNPF.
- "Infatigable promoteur de l'entreprise" -
"Yvon Gattaz a consacré sa vie à promouvoir l'esprit d'entreprise, un management humain, éthique et ouvert aux jeunes générations", a déclaré jeudi à l'AFP son fils Pierre Gattaz.
Yvon Gattaz a également créé le mouvement patronal Ethic, dirigé aujourd'hui par Sophie de Menthon, et l'association Jeunesse et entreprises qui s'est donné pour but de "favoriser l’insertion des jeunes dans la vie professionnelle".
Yvon Gattaz résumait avant tout son mandat à "la réhabilitation de l'entreprise".
"De 1982 à 1990 il y a eu une remontée incroyable de l'image des entreprises", racontait-il encore en 2014, en évoquant l'impact des faillites, des petits "patrons qui se suicidaient".
Le PDG de LVMH Bernard Arnault, qui vient d'être élu à l'Académie des sciences morales et politiques dans la même section qu'Yvon Gattaz, a salué auprès de l'AFP jeudi la mémoire d'un "infatigable promoteur de l'entreprise".
"Tout entrepreneur français peut lui être reconnaissant", a-t-il ajouté.
Il "s'est battu avec opiniâtreté tout au long de son mandat pour faire primer la rationalité économique dans le débat public, luttant en particulier contre la surréglementation pesant sur les entreprises", a réagi jeudi le Medef dans un communiqué de presse.
Patrick Martin, actuel président du Medef, a fait part jeudi sur X de sa "grande tristesse", ajoutant que "même physiquement atteint, il était toujours animé d'un esprit malicieux et curieux de toutes choses."
"Ses obsèques seront célébrées prochainement", les informations seront communiquées ultérieurement, a précisé Pierre Gattaz.
S.Al-Balushi--DT