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Dans une élection présidentielle américaine où chaque voix compte, de jeunes ouvriers encore indécis comme Luke Gonzalez pourraient faire la différence et sont très courtisés dans la dernière ligne droite par les deux camps.
Ce vitrier de 25 ans a participé en octobre à une présentation de 80 minutes organisée par son syndicat à Warren, dans le Michigan (nord), pendant laquelle des responsables syndicaux ont plaidé pour la vice-présidente et candidate démocrate Kamala Harris, affirmant qu'elle était mieux pour les ouvriers que son concurrent républicain, l'ancien président Donald Trump.
Luke Gonzalez est membre du Syndicat international des peintres et métiers associés (IUPAT), l'un des nombreux syndicats ayant apporté leur soutien officiel à la candidate démocrate pour le scrutin de mardi.
Un soutien qui découle en grande partie des mesures de l'administration Biden-Harris pour aider l'industrie américaine et garantir les emplois ouvriers pendant de longues années.
Les démocrates sont également favorables à la représentation syndicale en entreprises, contrairement à Donald Trump qui plaisantait il y a peu avec Elon Musk, patron de Tesla et milliardaire comme lui, sur l'opportunité de licencier les grévistes.
Mais le style non conventionnel du candidat républicain a également séduit un grand nombre de cols bleus, qui peuvent parfois être assez conservateurs. Ce qui rend la course dans le Michigan et d'autres "Swing States" ayant une classe ouvrière importante, encore une fois, très serrée.
Isaiah Goddard, employé du constructeur Ford âgé de 24 ans, est décidé: il votera Trump, faisant fi des recommandations du puissant syndicat de l'industrie automobile UAW.
Donald Trump "n'est pas un homme politique", explique-t-il. "Il sait comment diriger le pays et il peut le refaire", ajoute-t-il.
- Grand écart -
Pour lui, l'appui de Kamala Harris pour les véhicules électriques ne sera pas une bonne chose pour le Michigan, et il adhère également aux positions du milliardaire sur l'avortement et l'immigration.
Son collègue Nick Nabozny dit avoir vendu 32 T-shirts rouge portant le slogan "Ouvriers de l'auto pour Trump" à son usine Ford à Wayne.
"Il y a davantage de membres du syndicat qui soutiennent Trump que ce que (les responsables de l'UAW) pensent", relève-t-il.
Donald Trump a été, en 2016, le premier républicain depuis Ronald Reagan en 1980 à attirer une part importante d'électeurs syndiqués, traditionnellement chasse gardée des démocrates.
Outre l'immigration, le milliardaire a dénoncé en 2016 les accords commerciaux internationaux comme étant responsables de la fonte des emplois industriels dans des Etats comme la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin. Des "Swing States".
Joe Biden en a reconquis assez en 2020 pour récupérer ces Etats dans l'escarcelle démocrate mais, cette année, Harris et Trump sont au coude-à-coude.
Le consultant démocrate David Mermin s'attend à un grand écart dans l'électorat ouvrier, avec les femmes optant pour la vice-présidente du fait de ses positions sur l'avortement.
Les jeunes sont les électeurs ouvriers les plus "susceptibles d'être persuadés", souligne M. Mermin, de Lake Research Partners. "Ils n'aiment pas les partis. Ils n'aiment pas les représentants politiques".
- "Coût de la vie" -
Ce "sont ceux que l'on peut influencer", relève Jeff Tricoff, 39 ans, ouvrier dans une raffinerie, membre du puissant syndicat des Teamsters à Détroit et électeur indécis.
La direction des Teamsters a opté pour ne soutenir aucun candidat, mais de nombreuses branches locales ont pris position pour Kamala Harris à l'instar de grands syndicats comme l'IUPAT, l'UAW, la Fédération américaine des enseignants ou encore le syndicat des métallurgistes (USW).
Un atout car leurs adhérents se transforment en bénévoles pour la campagne, faisant du porte-à-porte, passant des appels téléphoniques et, parfois, accompagnant des électeurs à mobilité réduite aux urnes.
Pour Jimmy Williams, président de l'IUPAT, le revers du Parti démocrate auprès des syndiqués s'explique par des décennies de déception.
Pour autant, ce vitrier considère que Joe Biden a marqué un tournant car, entre autres, il a été le premier président à participer à un piquet de grève, à l'automne 2023.
Lors de la réunion à Warren, il a expliqué que Donald Trump avait parlé d'infrastructures mais sans jamais rien concrétiser, alors que Kamala Harris va poursuivre les initiatives de Joe Biden.
Mais, à l'issue de sa présentation, une trentaine de mains - environ un tiers de l'assistance - se sont levées pour Trump. A cause de "l'inflation et du coût de la vie", a expliqué un jeune homme.
Pour Luke Gonzalez, "Kamala est pour les syndicats d'ouvriers" alors que Trump est pour les "grosses entreprises". "J'ai encore beaucoup de choses à lire", ajoute-t-il, toujours indécis.
A.El-Nayady--DT