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De nombreux canots lancés dans la Manche et à nouveau un migrant décédé. Les tentatives de gagner l'Angleterre par la mer ont fait une nouvelle victime mercredi, faisant encore grimper le compteur des décès de cette année record.
Mercredi matin, une embarcation a été signalée en difficulté dans le secteur d'Hardelot (Pas-de-Calais), a rapporté la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Premar).
Le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris-Nez a alors envoyé un navire et un hélicoptère de la marine pour lui porter secours. Les personnes à bord de l'hélicoptère ont repéré une dizaine de personnes à l'eau, parmi lesquelles se trouvait ce migrant, un "homme adulte", en arrêt cardio-respiratoire. Il a été hélitreuillé avant d'être déclaré mort à terre par un médecin civil, a expliqué la Premar.
"Beaucoup d'embarcations" ont tenté la traversée cette nuit en raison de conditions météorologiques favorables et plusieurs opérations de sauvetage sont en cours "depuis tôt ce matin", selon la même source.
- Canot crevé -
D'importants moyens de secours sont déployés sur le front de mer, dont des camions de pompiers aux gyrophares allumés, et une vingtaine de migrants ont été conduits dans des halls d'immeubles pour se réchauffer, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Un canot crevé, noir et bleu, git sur la plage. La route est jonchée de vêtements et d'effets personnels trempés. Un migrant d'origine africaine, une couverture de survie enroulée autour de la taille et une autre autour de la tête, s'est avancé jusqu'au bout de la digue et fixe l'horizon, en direction de côtes anglaises invisibles.
Un groupe de six migrants trempés, certains enveloppés dans des couvertures de survie, se trouvait également sur un banc à trois kilomètres de la côte.
Selon une membre de l'association Utopia 56 qui se trouvait sur place, plusieurs migrants se trouvaient "en hypothermie sévère". Elle fait état d'un "départ très compliqué", où "tout le monde s'est retrouvé à l'eau". Des gendarmes sont également trempés après être allés récupérer des gens dans l'eau, a-t-elle indiqué.
"Le chiffre qui nous saute aux yeux depuis quelques mois, c'est une personne qui décède tous les cinq jours" dans ces tentatives de traversée depuis le début de l'année, a réagi auprès de l'AFP l'un coordinateurs sur le littoral de cette association d'aide aux exilés, Célestin Pichaud. "La situation est plus que dramatique. Les secours en mer et sur terre sont dépassés par les événements". Il dénonce la "volonté désastreuse de continuer dans la voie de la répression".
Dimanche matin, un autre migrant, un Indien d'environ 40 ans, est mort après une tentative de départ depuis la plage de Tardinghen (Pas-de-Calais). "L'embarcation qui s'avérait être en très mauvais état s'est dégonflée immédiatement après son départ", selon la préfecture.
Noyades et bousculades mortelles, sur des canots surchargés, ont fait de 2024 l'année la plus meurtrière depuis le début en 2018 du phénomène des traversées de la Manche sur de frêles embarcations, avec au moins 57 décès.
Mercredi dernier, trois migrants, une femme et deux hommes, sont décédés après que leur canot a fait naufrage à deux kilomètres au large des côtes françaises. La semaine précédente, un nourrisson de quatre mois trouvait la mort après que le canot où il se trouvait s'est déchiré.
B.Krishnan--DT