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Donald Trump et Kamala Harris multiplient les apparitions sur des podcasts, un format prisé des jeunes auditeurs et au cadre plus confortable pour les candidats que celui des médias traditionnels.
L'importance nouvelle du podcast dans la campagne présidentielle américaine tient d'abord à l'augmentation de son audience.
Quelque 47% des Américains en écoutent au moins une fois par mois, contre seulement 32% il y a cinq ans, selon le cabinet Edison Research.
"L'écosystème médiatique américain est en évolution constante et, de ce fait, les candidats doivent s'adapter", explique Megan Duncan, professeure à l'université Virginia Tech.
Le podcast a aussi pour lui son public plus divers que celui des médias classiques.
L'âge médian (la moitié est plus âgée l'autre moitié plus jeune) des auditeurs de podcast est de 34 ans, contre 41 pour les internautes qui consultent des sites d'information et près de 60 ans pour les téléspectateurs des chaînes d'info en continu.
En outre, la plupart des podcasts au format talk-show sont considérés comme du divertissement et pas comme des émissions politiques.
Leur audience est donc, au moins pour partie, un terrain de conquête pour les candidats.
"Dans une campagne si serrée, (...) tenter d'aller chercher des primo-votants et des votants occasionnels fait sens", souligne Megan Duncan.
Depuis le début de sa campagne, Kamala Harris a participé à près de dix podcasts et Donald Trump à plus du double.
Point d'orgue, le passage de l'ancien chef d'Etat dans le programme le plus téléchargé au monde, "The Joe Rogan Experience", publié vendredi.
Moins de 24 heures après la mis en ligne sur YouTube de la vidéo de cet échange, elle avait été visionnée plus de 14 millions de fois.
Aucune interview télévisée du candidat républicain cette année n'a généré ne serait-ce que la moitié de ce chiffre.
- "Relation de proximité" -
"Les podcasts sont un habitat naturel pour Trump", fait valoir Lea Redfern, professeure à l'université de Sydney (Australie).
Les animateurs des podcasts à succès que choisissent les candidats offrent, pour la plupart, un environnement décontracté et des questions moins sensibles que celles des journalistes professionnels.
Les candidats ont jeté leur dévolu sur ces podcasts plutôt que sur ceux proposés par des médias traditionnels comme le New York Times ou la radio publique NPR.
"Ces conversations en tête-à-tête ressemblent plus à des discussions que des interviews traditionnelles à la tonalité interrogative", décrit Lea Redfern.
Un style qui convient particulièrement à Donald Trump, amateur de disgressions en tous genres, qui "a l'air très à l'aise" dans ce dispositif, souligne l'universitaire.
Lors des près de trois heures qu'il a passé avec Joe Rogan, le milliardaire républicain a distillé à l'envi des théories complotistes sans être interrompu ou contesté.
Ces podcasts permettent aussi aux candidats d'aborder des sujets plus personnels.
Dans "This Past Weekend", podcast de l'humoriste Theo Von, Donald Trump a longuement parlé de l'influence qu'avait eu sur lui le spectacle de l'alcoolisme de son frère aîné Fred.
Kamala Harris, quant à elle, a parlé de son enfance et des difficultés de la vie publique pour une femme au micro de "Call Her Daddy", podcast dédié aux questions féminines.
Ces émissions enregistrées donnent l'impression aux auditeurs qu'ils leur permettent de "mieux connaître" ces personnalités politiques, selon Lea Redfern.
Le podcast fait aussi figure de destination de choix du fait de la fidélité moyenne de ses auditeurs.
"Le présentateur du podcast parle directement dans les oreilles des auditeurs", qui utilisent souvent des écouteurs, pointe Lea Redfern. "Cela peut établir quelque chose qui s'apparente à une relation de proximité."
Ce lien peut se transformer en attachement, selon Megan Duncan et "une fois que cela s'est créé, il faudra quelque chose d'énorme pour que l'auditeur en vienne à rejeter l'information qu'il a reçue du podcast".
A.Hussain--DT