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Le gouvernement colombien voudrait en faire "une agora politique" en faveur de la planète : avec ses concerts et ses stands colorés, la "zone verte" en plein coeur de Cali, s'annonce déjà comme le lieu emblématique et le coeur vivant de la COP16.
Alors que les délégués de près de 150 pays ont entamé lundi leurs discussions très techniques dans un centre de conférence au nord de la ville de 2,4 millions d'habitants, le centre de la capitale du Pacifique colombien s'est transformé en une promenade mi-pédagogique, mi-festive, sur les richesses naturelles et culturelles du pays, ainsi que sur le futur de la planète.
"C'est super ici!", se réjouit Silvano, venu en curieux "voir à quoi ressemble" cette "zone verte" tant vantée par le gouvernement.
Deux jours après le début du forum, le lieu remporte déjà un succès populaire, a constaté l'AFP, avec des milliers d'habitants qui s'y pressent en fin d’après-midi.
Aménagés sur le boulevard del Rio, une promenade le long de la rivière Cali, à côté d'une petite église néo-gothique, ces 350.000 mètres carrés de "réflexion et de participation citoyenne" accueilleront plus de "280 activités culturelles et académiques" et un total d'un millier d'évènements, selon le ministère de la Culture.
- "Route du miel" -
"La zone verte représente l'esprit dans lequel la Colombie a invité le monde", a lancé la ministre de l'Environnement Susana Mohamad, vantant une "agora politique pour la réflexion et la mobilisation sur l'avenir de ce qui nous appartient à tous".
Pour la vice-présidente noire, Francia Marquez, elle met en avant les populations afro-colombiennes, indigènes et populaires, "au service de l'enseignement du monde".
Et de fait, la "zone verte", c'est d'abord une explosion des sens, de couleurs, et de saveurs. A l'image de cette Colombie à la biodiversité et aux paysages exceptionnels vantés par les visuels gouvernementaux précédant la COP.
Passées les photos géantes d'un perroquet vert ou d'un dauphin rose, le visiteur slalome d'une échoppe à l'autre : artisanat de colliers de perles et paniers de feuilles savamment tressées, stands de bouteilles de Viche (un alcool fort du Pacifique), cafés "équitables", peluches cousues mains, bières vendues par un "syndicat des travailleurs du cannabis", une gourmande "route du miel", ou encore une serre "Graine vivante" verdoyante.
Ce mardi, une "minga" (manifestation indigène) est venue rencontrer la ministre Muhamad, sous une maloka (cabane communautaire) construite par une organisation indigène nationale. Ces sept délégués iront participer aux négociations de la "zone bleue", a promis la ministre, également présidente de cette COP16.
- "Que viva la musica!" -
Des ONGs, comme cette "Fondation pour les oiseaux", ou des institutions sont présentes. Le Département de planification a prévu mercredi à son stand toute une batterie de débats publics, comme "le rôle des communautés rurales pour protéger l'agrobiodiversité".
"Zéro poubelle", "I love the Planet!"... Un tableau où le public dessine sa vision de l'avenir de la planète a déjà remporté un franc succès. A deux pas, des employés des Parcs naturels nationaux de Colombie présentent en réalité virtuelle l'infinie richesse de la géographie du pays, entre mer, montagnes andines et Amazonie.
Avec son imposant canon d'artillerie et un gros véhicule 4X4, le stand de l'armée de terre rencontre un gros succès auprès des familles.
"Les gens viennent se promener, faire la fête. C'est un peu commercial cette zone verte, mais pas seulement", souligne un visiteur, Silvano. "Comme tout le monde aujourd'hui, nous sommes concernés par la planète. On a tous un jour balancé une bouteille en plastique par la fenêtre. Il faut changer ça", explique le quinquagénaire.
"Il faut que le monde pense et agisse en ayant conscience de l'importance de la biodiversité, des animaux, des plantes", abonde Francia Garces, autre visiteuse.
"Il y aura un avant et un après COP16. Je crois que cela va aider à ce que les gens prennent soin de la planète", juge Maria Ruiz, artiste de 60 ans, selon laquelle ce forum "est ce qui pouvait arriver de mieux à la Colombie".
"Pour une justice de genre, pour la justice sociale! A bas le patriarcat!", s'époumone une intervenante à un débat ministériel devant un public plutôt clairsemé.
Sur un autre podium ce soir-là, un concert et spectacle de danses du Choco (nord-ouest) attire une foule éblouie par les turbans wax, les créoles dorées aux oreilles et les longues robes blanches immaculées virevoltant dans les airs.
La programmation musicale, baptisée "Que viva la musica!", prévoit une quinzaine de concerts dans la "zone verte" pendant les 12 jours de la COP16, qui coïncide cette année avec le 19e Festival mondial de la salsa.
H.El-Qemzy--DT