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La coopération est plus que jamais nécessaire afin de faire face aux grands défis mondiaux alors que les tensions, tant internes qu'internationales, créent les conditions d'un monde plus que jamais fragmenté, a demandé jeudi la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva.
A l'occasion de son traditionnel discours de lever de rideau, en amont des réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, qui débuteront mardi à Washington, Mme Georgieva a rappelé que la croissance mondiale à moyen terme "devrait revenir non loin de ses niveaux d'avant pandémie" mais que "ce n'est pas suffisant", face aux défis à relever, tant sur l'environnement que le développement humain.
Le FMI publiera mardi son rapport annuel sur l'économie mondiale (WEO), avec une actualisation des anticipations concernant la croissance mondiale et des principales économies.
"La vue d'ensemble est contrastée. Comparé aux tendances historiques, la Chine est en ralentissement, l'Inde en accélération, de même que d'autres pays en Asie. Les Etats-Unis se débrouillent plutôt bien, l'Europe pourrait en revanche faire mieux", a détaillé la patronne du Fonds.
Si la croissance mondiale est revenue proche de ses niveaux d'avant la pandémie de Covid-19, elle est cependant légèrement en retrait et, plus encore, les perspectives peuvent être inquiétantes, entre choc climatique, tensions sociales et géopolitiques, ainsi que les importants niveaux d'endettement partout dans le monde.
"Nous vivons dans un monde fragmenté, où la confiance est désormais absente et la sécurité nationale est devenue la préoccupation majeure des États. (...) Durant ces réunions, mon message sera: travaillons ensemble, éclairons le chemin, afin d'élever notre futur commun", a déclaré Kristalina Georgieva.
Cette fragmentation a déjà été connue par le passé mais jamais dans un contexte d'interdépendance économique si fort, a-t-elle souligné.
"Nous ne pouvons pas laisser cette nouvelle réalité devenir une excuse pour ne rien faire et laisser l'économie mondiale se fracturer encore plus", a insisté Kristalina Georgieva.
"Les bénéfices de la paix depuis la fin de la Guerre froide sont de plus en plus dans la balance. Alors que les guerres et l'insécurité progressent, les dépenses de défense suivent, au détriment des budgets consacrés à l'aide internationale, malgré les besoins croissants des pays en développement", a alerté la patronne du Fonds.
- Les prix resteront plus élevés -
Une réalité alors qu'une quinzaine de Fonds mondiaux, liés à des questions de santé publique majeures, à l'environnement ou à la lutte contre la pauvreté, risquent de ne pas atteindre leurs objectifs cette année, à l'occasion de leur campagne de refinancement.
Tout n'est cependant pas négatif, a assuré Kristalina Georgieva, qui a salué en particulier la fin progressive du pic d'inflation qu'a connu le monde dans la foulée de la pandémie de Covid-19.
Plus encore, cela se fait "avec un atterrissage en douceur et un retour à la normale des marchés du travail qui se fait de manière ordonnée, notamment aux États-Unis et dans la zone euro".
Toutefois, si "le taux d'inflation est en train de ralentir, le niveau des prix est désormais plus élevé et le restera, et cela continuera à se ressentir dans le portefeuille de chacun, ce qui va renforcer la colère de tous", a reconnu Mme Georgieva.
Il importe donc de créer "plus d'emplois", d'améliorer la productivité, notamment grâce à l'IA et mieux mobiliser le capital pour l'investissement, a détaillé la patronne du Fonds.
Et la restructuration de la dette des pays en situation de crise s'améliore, notamment grâce au cadre commun regroupant les principaux créanciers, multilatéraux et bilatéraux.
Mais "il faut le faire pour tous les pays dont le niveau d'endettement n'est pas soutenable", a insisté Mme Georgieva.
Dans le même temps, si une consolidation budgétaire est nécessaire, "nous nous inquiétons que cela se fasse de manière trop rapide, il faut trouver un équilibre entre soutien à l'économie et consolidation budgétaire", a-t-elle rappelé.
Les réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale se dérouleront jusque vendredi, et sera l'occasion de discussions également au sein du G20, qui continuera de discuter sur la proposition de la présidence brésilienne de taxation mondiale des plus riches.
Elles devraient être également l'occasion de continuer à chercher des compromis en matière de financement climatique, trois semaines avant la COP29 qui se tiendra à Bakou (Azerbaïdjan), du 11 au 22 novembre.
Y.Chaudhry--DT