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Pour la première fois au procès des viols de Mazan, Gisèle Pelicot a exprimé son sentiment d'humiliation mais aussi de colère face aux insinuations de certains avocats sur ce qu'elle a subi, leur lançant: "Un viol est un viol !".
"Depuis que je suis arrivée dans cette salle d'audience, je me sens humiliée", a-t-elle lâché en direction des 51 hommes accusés dans ce procès emblématique des violences sexuelles et de la soumission chimique devant la cour criminelle de Vaucluse.
La diffusion de 27 clichés d'elle prises à son insu, une première depuis l'ouverture des audiences le 2 septembre, à la demande d'avocats de la défense et censées prouver que leurs clients ont pu être "trompés" en pensant avoir été attirés par son époux la prétendant consentante, l'a ensuite fait sortir de ses gongs.
"Entre +j’ai appâté+, +j’ai fait semblant+, +j’étais ivre+, +j’étais complice+, maintenant on cherche à diffuser des photos prises par monsieur Pelicot pour me faire passer pour coupable. Qui est la coupable dans cette salle d’audience ?", a-t-elle lancé.
Et d'ajouter: "C'est insultant et je comprends que les victimes de viol ne portent pas plainte parce qu’on passe par un déballage où on essaie d’insulter les victimes. Et pendant ce temps les autres (accusés) sont derrière bien tranquilles".
L'ex-mari de Mme Pelicot est jugé pour l'avoir droguée afin de la violer et de la faire violer par des dizaines d'hommes recrutés sur internet dont certains sont jugés à Avignon.
L'ambiance dans la salle s'est fortement tendue entre parties civiles et défense après la diffusion de ces images.
- "Dégénérés ?" -
"Quand on reçoit des photos comme celles-là, on peut se dire que c’est une femme qui aime les jeux sexuels", a avancé l'avocate Nadia El Bouroumi.
"Je suis très étonnée de ces photos qui ont été faites à mon insu", a répondu Mme Pelicot.
Son ex-époux, Dominique Pelicot, a lui confirmé que "la totalité de ces photos ont été faites à son insu. Et en aucun cas elles n’ont été diffusées sur le net pour appâter. C’était pour mon plaisir personnel".
"J'étais dans un état de coma et les vidéos qu'on va diffuser vont pouvoir l'attester", a assuré Gisèle Pélicot. Même "les experts ont été choqués de ces vidéos, et ce sont des hommes", a-t-elle ajouté.
Les "50 (accusés) derrière ne se sont pas posé la question (du consentement)? C'est quoi ces hommes, c'est des dégénérés ou quoi ?", a-t-elle tonné.
"Il n'y a pas +viol et viol+. Un viol est un viol", a asséné Mme Pelicot, en référence aux propos d'un avocat qui avait estimé qu'il y avait "viol et viol", semblant minimiser l'intention réelle de certains des accusés dont beaucoup affirment avoir pensé participer à un jeu sexuel d'un couple libertin.
Des vidéos, cette fois à la demande des parties civiles, devraient également être prochainement projetées pour prouver à l'inverse le non-consentement de Mme Pelicot.
- "Épreuve" -
Le matin, comme Dominique Pelicot, le premier des 50 autres coaccusés, Jean-Pierre M., 63 ans, a lui aussi reconnu être "un violeur", réclamant une "punition dure".
Il est le seul à n'être pas poursuivi pour des agressions sexuelles sur Gisèle Pelicot mais sur sa propre épouse sur laquelle il avait calqué le même scénario criminel élaboré par Dominique Pelicot.
Les deux hommes s'étaient rencontrés sur le site Coco.fr. L'accusé principal des viols de Mazan lui avait d'abord proposé de "violer" Gisèle "plusieurs fois". Mais "j’ai refusé", a affirmé Jean-Pierre M. qui a raconté avoir subi des violences sexuelles dans son enfance.
À la question de savoir si Dominique Pelicot lui avait bien précisé que Gisèle serait "droguée et qu'il cherchait un homme pour son épouse endormie et sous médicaments", il a répondu par l'affirmative, mettant à mal un argument régulièrement avancé par des avocats de la défense, selon lesquels leurs clients n'avaient pas été avisés de ce procédé.
Ce débat était "une épreuve, mais c'est une épreuve qui est à la hauteur des enjeux", a déclaré l'un des conseils de Gisèle Pelicot, Stéphane Babonneau une fois l'audience terminée, assurant que "oui, par moments elle (Gisèle) s'énerve, par moments elle est fatiguée, mais elle répondra à toutes les questions".
Ce procès pour viols, qui voit comparaître 51 hommes de 26 à 74 ans, de tous milieux sociaux, connaît une forte résonance en France et à l'étranger.
Espérant qu'il marquera une prise de conscience comme le mouvement MeToo, militantes et associations féministes appellent de nouveau les hommes à "prendre enfin leurs responsabilités" dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
Jeudi, l'audience se poursuivra avec les témoignages de deux autres accusés, Jacques C., 72 ans et Lionel R., 44 ans.
X.Wong--DT