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A contre-courant des discours vantant la concentration des médias pour résister aux géants du numérique, le président du groupe Combat, Matthieu Pigasse, s'est posé vendredi en défenseur des petits groupes de presse, lors d'une audition au Sénat.
Le banquier d'affaires, propriétaire du magazine Les Inrocks ou de Radio Nova, a déroulé ses propositions pour garantir le pluralisme, passant selon lui par une réforme de la loi sur les communications de 1986, "pré-numérique et donc préhistorique", et par le financement de médias de taille plus réduite.
Sans s'opposer à l'émergence de champions français, comme ambitionnent de le devenir TF1 et M6 avec leur projet de fusion, M. Pigasse a martelé la nécessité de préserver la "voix particulière" des acteurs indépendants.
Rappelant l'effondrement des recettes et la hausse des coûts dans la presse, liés notamment à la distribution, il a insisté sur les difficultés des petits groupes à trouver du capital, "quasiment aucune banque" ne voulant parier sur eux.
"Il faut que l'on réfléchisse collectivement à la manière de leur assurer le meilleur financement possible", a défendu le président de Combat, devant un auditoire visiblement séduit par ses propos.
Face à la "position dominante" occupée par Radio France, Matthieu Pigasse a ensuite durci le ton: "Je suis propriétaire d'une petite radio, Nova, face à un groupe qui représente 54% du marché global, avec un tiers des fréquences, et qui ne subit aucune des contraintes que nous subissons".
"Je pense qu'il faut repenser les aides à la presse, et les moduler en fonction de certains critères", a-t-il proposé.
"Le seul critère qui est vraiment objectif, c'est l'indépendance, et plus de 50% des aides vont à des groupes qui n'ont pas la presse comme activité principale", a regretté l'homme d'affaires, se distanciant des grands industriels auditionnés depuis 15 jours par le Sénat.
"Je sais que je vais en faire hurler certains, mais on devrait réserver ces aides pour les groupes dont la presse est l'activité centrale, voire unique", a-t-il défendu.
Alors qu'il vient de céder l'essentiel de ses parts dans Le Monde à son associé Xavier Niel, Matthieu Pigasse est revenu sur sa trajectoire au sein du groupe, qu'il a présenté comme un exemple de "stricte séparation entre le pouvoir actionnarial et éditorial" inédit en Europe.
Le banquier d'affaires, qui a tancé "une volonté d'instrumentalisation de certains médias" en France, voudrait même aller plus loin avec la création d'un délit d'intervention abusive d'un actionnaire dans la ligne éditoriale d'un média.
A.El-Nayady--DT