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La banque centrale américaine a signalé son intention de relever dès mars ses taux directeurs, prenant acte des améliorations sur le front de l'emploi et d'une inflation élevée qui pourrait persister.
Le comité de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed) "est d'avis d'augmenter les taux des fonds fédéraux lors de la réunion de mars, en supposant que les conditions sont appropriées pour le faire", a déclaré le président de l'institution, Jerome Powell, lors d'une conférence de presse, sans précision sur l'ampleur de cette hausse envisagée.
Ce commentaire inhabituellement précis est venu compléter le communiqué publié plus tôt, à l'issue de la réunion régulière de l'institution.
La Fed avait indiqué qu'elle relèverait ses taux "bientôt", tout en ajoutant qu'elle mettrait fin "début mars", soit juste avant sa prochaine réunion, à ses achats d'actifs, condition sine qua non pour relever les taux.
Les taux directeurs avaient été abaissés dans une fourchette de 0 à 0,25% en mars 2020 quand la pandémie de Covid-19 s'est propagée aux États-Unis plongeant l'économie dans le marasme. L'objectif était de soutenir la consommation.
Mais désormais, la priorité est de ralentir l'inflation. En remontant les taux, la Fed veut modérer la demande.
Si Jerome Powell mise sur un ralentissement de l'inflation en 2022, cela devrait cependant prendre du temps. Il a également mis en garde contre le "risque que l'inflation élevée se prolonge". "Il y a un risque qu'elle accélère encore plus", a-t-il même estimé.
- Réaction de Wall Street -
Car les difficultés mondiales d'approvisionnement qui provoquent retards et pénuries et font grimper les prix, ne seront pas résolus d'ici à la fin de l'année, a-t-il jugé, même si des progrès devraient être "réalisés au cours du second semestre".
Cette annonce était très attendue. La perspective d'une hausse prochaine des taux avait fait dévisser les marchés européens lundi et Wall Street avait plongé au plus bas depuis des mois.
La publication du communiqué de la Fed a dans un premier temps fait bondir le Nasdaq de plus de 3% avant une réaction plus modérée.
La Fed avait damé le terrain lors de sa précédente réunion, mi-décembre, en annonçant qu'elle mettrait fin plus tôt que prévu à ses achats d'actifs, dès mars au lieu de juin.
Elle avait aussi, pour la première fois, cessé de qualifier de "temporaire" cette inflation qui est, depuis des mois, bien supérieure à son objectif à long terme de 2%.
Les prix ont en effet grimpé de 7% en 2021, leur rythme le plus rapide depuis 1982, selon l'indice CPI. La Fed privilégie un autre indicateur de l'inflation, l'indice PCE, dont les données pour 2021 seront publiées vendredi.
- Dette des pays en développement -
La Fed s'était jusqu'à présent montrée prudente sur les hausses, craignant que cela ne ralentisse trop brutalement la reprise économique et, par ricochet, le marché de l'emploi.
Mais désormais, le marché du travail est "très, très solide et mon sentiment profond est que nous pouvons augmenter les taux sans lui nuire gravement", a déclaré le président de la puissante Réserve fédérale.
Jerome Powell n'a cependant pas mentionné les inégalités persistantes sur ce front, et notamment un taux de chômage toujours bien plus élevé chez les Américains noirs. La Fed insistait pourtant régulièrement, au début de la reprise économique, sur le marché de l'emploi "inclusif" que ses responsables souhaitaient atteindre avant d'envisager de relever les taux.
"Les gains d'emplois ont été solides ces derniers mois et le taux de chômage a considérablement diminué", a relevé dans son communiqué la Fed, dont l'un des deux mandats est de favoriser le plein emploi.
Le pays a désormais presque renoué avec le plein emploi, le taux de chômage ayant chuté en décembre à 3,9%, proche de son niveau d'avant la crise (3,5%), avec une pénurie de main-d'œuvre qui place les salariés en position de force par rapport aux employeurs.
Relever les taux s'avère une tâche délicate puisque le risque est aussi de ralentir la croissance.
En outre, en dehors des États-Unis, une hausse des taux trop rapide pourrait pénaliser les pays émergents et en développement, dont la dette est libellée en dollars, avertit depuis des mois le Fonds monétaire international (FMI).
Sa cheffe économiste, Gita Gopinath, avait également dit douter que l'inflation redescende à 2% d'ici à fin 2022, comme l'anticipe notamment la secrétaire au Trésor, Janet Yellen.
G.Gopalakrishnan--DT