Dubai Telegraph - Ukraine: la région de Kiev "libérée", Marioupol toujours dans l'étau russe

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Ukraine: la région de Kiev "libérée", Marioupol toujours dans l'étau russe
Ukraine: la région de Kiev "libérée", Marioupol toujours dans l'étau russe

Ukraine: la région de Kiev "libérée", Marioupol toujours dans l'étau russe

L'Ukraine a annoncé samedi que toute la région de Kiev était désormais "libérée", les forces russes opérant un "retrait rapide" du nord du pays, mais pour mieux "garder le contrôle" des "vastes territoires" qu'elles occupent dans l'est et le sud.

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A mesure que les troupes russes se replient comme annoncé des régions de Kiev et de Tcherniguiv (nord), les forces ukrainiennes ont pu reprendre des dizaines de localités, dévastées par les combats : "Irpin, Boutcha, Gostomel et toute la région de Kiev ont été libérées de l'envahisseur", a affirmé la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar.

Parmi ces villes, Boutcha, au nord-ouest de Kiev, où près de 300 personnes ont dû être enterrées "dans des fosses communes", a raconté à l'AFP son maire, Anatoly Fedorouk.

Un journaliste de l'AFP y a vu les cadavres d'au moins vingt hommes en vêtements civils. L'un d'eux avec les mains liées dans le dos, à côté d'un passeport ukrainien ouvert reposant sur le sol.

Trous béants provoqués par des obus dans des immeubles d'habitation, lignes électriques abattues: la ville, théâtre des combats parmi les plus féroces depuis l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février, est dévastée.

A Irpin toute proche, des opérations de déminage se poursuivaient samedi. Selon les services d'urgence, 643 engins explosifs y ont été désactivés depuis qu'elle est retombée aux mains des Ukrainiens.

- Continuité territoriale -

Avec ce "retrait rapide" du nord du pays, "il est tout à fait clair que la Russie a choisi une autre tactique prioritaire", a écrit le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaïlo Podoliak, sur la messagerie Telegram: "se replier vers l'est et le sud" pour "garder le contrôle de vastes territoires occupés" et y "dicter durement ses conditions".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait déjà affirmé que les Russes se préparaient à des "attaques puissantes" dans l'Est, notamment sur Marioupol où quelque 160.000 personnes seraient toujours bloquées et dont au moins 5.000 habitants ont été tués, selon les autorités locales.

Pour Moscou, contrôler Marioupol permettrait d'assurer une continuité territoriale de la Crimée jusqu'aux deux républiques séparatistes prorusses du Donbass, Donetsk et Lougansk.

Impossibles pendant des semaines, des évacuations ont commencé à petite échelle. Vendredi, "les couloirs humanitaires ont fonctionné dans trois régions: Donetsk, Lougansk et Zaporojie. Nous avons réussi à sauver 6.266 personnes, dont 3.071 de Marioupol" a affirmé le président Zelensky dans la nuit de vendredi à samedi.

- "Notre ville n'existe plus" -

L'AFP a assisté à l'arrivée d'une trentaine de bus d'évacuation dans la ville de Zaporojie, vendredi soir. "Nous avons pleuré lorsque nous avons vu des soldats au poste de contrôle avec des écussons ukrainiens sur leurs bras", a confié Olena, sa petite fille dans les bras. "Ma maison a été détruite. Je l'ai vu sur des photos. Notre ville n'existe plus".

Plusieurs personnes ont raconté à l'AFP avoir dû marcher 15 kilomètres ou plus pour quitter Marioupol, avant de trouver des véhicules privés, puis de terminer leur voyage par un trajet en bus de 12 heures à travers une série de points de contrôle, au lieu de trois heures avant la guerre.

Samedi, sept couloirs humanitaires étaient prévus dans l'Est et le Sud-Est, selon la Première ministre Iryna Verechtchouk.

Le ministre turc de la Défense Hulusi Akar a offert samedi le "soutien maritime, en particulier pour l'évacuation de Marioupol des civils et des blessés turcs ou d'autres nationalités", selon l'agence de presse officielle Anadolu.

-le pape fustige l'invasion russe -

Toujours dans le sud, à Energodar, ville occupée par les forces russes, une manifestation de civils a été dispersée samedi par des tirs de grenades assourdissantes qui ont fait quatre blessés, selon une responsable ukrainienne et des vidéos diffusées sur internet.

En Russie, au moins 211 personnes ont été arrêtées dans 17 villes dont Moscou et Saint-Petersbourg, pour avoir protesté contre la guerre, a indiqué l'ONG spécialisée OVD-Info.

Des sit-in avaient été annoncés sur les réseaux sociaux dans une trentaine de villes, de Vladivostok (Extrême-Orient) à Sotchi (sud). Les organisateurs voulaient protester contre "l'effondrement de l'économie russe, contre (le président russe Vladimir) Poutine" et pour la libération de l'opposant emprisonné Alexeï Navalny.

Sans le nommer, le pape François, en déplacement sur l'île de Malte, a lui aussi dénoncé le président russe. "Quelque puissant, tristement enfermé dans ses prétentions anachroniques d'intérêts nationalistes, provoque et fomente des conflits", a déclaré le souverain pontife, dans une allusion transparente au chef du Kremlin.

Il a ajouté envisager de se rendre prochainement en Ukraine, à l'invitation du président Zelensky : "oui, c'est sur la table", a-t-il sobrement indiqué.

- Retrait russe de Tchernobyl -

Vendredi, la Russie avait accusé l'Ukraine d'avoir mené une frappe par hélicoptères sur son sol et agité la menace d'un durcissement des négociations.

L'attaque a touché les installations de stockage de carburant du géant de l'énergie Rosneft à Belgorod, ville russe à environ 40 kilomètres de la frontière avec l'Ukraine.

Pour le ministère britannique de la Défense, la destruction de réservoirs de pétrole à Belgorod ainsi que les explosions dans un dépôt de munitions près de la ville ajouteront "probablement une pression supplémentaire à court terme sur les chaînes logistiques russes déjà très sollicitées".

L'Ukraine a de son côté averti que les soldats russes ayant quitté la centrale nucléaire de Tchernobyl - site du pire accident nucléaire au monde, en 1986 - après des semaines d'occupation avaient pu être exposés à des radiations, jugeant que "la Russie s'était comportée de manière irresponsable à Tchernobyl" en creusant des tranchées dans les zones contaminées et en empêchant le personnel de la centrale de remplir ses fonctions.

Depuis la nuit de vendredi à samedi, plusieurs bombardements ont eu lieu, selon diverses sources ukrainiennes: des quartiers résidentiels à Kharkiv (est), des infrastructures à Dnipro (centre), des localités des régions de Donetsk, Lougansk (est) et Kherson (sud).

Des infrastructures ont également été frappées à Krementchouk (centre, région de Poltava), siège de la plus grande raffinerie de pétrole ukrainienne, a indiqué la présidence du pays, tandis que le ministère russe de la Défense annonçait samedi matin avoir détruit avec "des armes de haute précision" des dépôts d'essence et de carburant diesel de la raffinerie.

Ces dépôts servaient à fournir du carburant aux forces ukrainiennes dans le centre et dans l’est du pays, selon un communiqué du ministère.

Des "missiles russes" ont également mis hors service deux aérodromes militaires des régions de Poltava et Dnipropetrovsk (centre), selon la même source.

- Nouvelle aide américaine -

"Donnez-nous des missiles. Donnez-nous des avions", a plaidé le président Zelensky sur la chaîne américaine Fox News. "Vous ne pouvez pas nous donner des F-18 ou des F-19 ou tout ce que vous avez ? Donnez-nous les vieux avions soviétiques (...). Donnez-moi quelque chose pour défendre mon pays".

Les États-Unis ont annoncé jusqu'à 300 millions de dollars supplémentaires d'aide militaire à l'Ukraine, en complément de celle allouée depuis l'invasion, représentant plus de 1,6 milliard.

Les pourparlers de paix entre responsables ukrainiens et russes ont repris vendredi par vidéo, mais le Kremlin a prévenu que l'attaque à Belgorod ne pouvait "être perçue comme créant des conditions confortables pour la poursuite des négociations".

Dimanche, le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths, sera à Moscou afin d'essayer d'obtenir un "cessez-le-feu humanitaire", avait annoncé vendredi le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.

Z.W.Varughese--DT