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Inflation oblige, le Smic sera revalorisé le 1er mai pour la troisième fois en sept mois et devrait atteindre la barre des 1.300 euros net, alors que le pouvoir d'achat est un thème dominant de la campagne présidentielle.
Selon une estimation du ministère du Travail, le Smic va augmenter automatiquement le 1er mai entre 2,4% et 2,6% du fait de l'inflation enregistrée ces quatre derniers mois, une revalorisation qui va bénéficier directement à un peu plus de deux millions de salariés.
En janvier, le Smic avait augmenté de 0,9% après une hausse - rare en cours d'année - de 2,2% en octobre déjà due à l'inflation.
La hausse exacte sera connue le 15 avril quand l'Insee publiera son estimation définitive de la hausse des prix en mars.
Selon son estimation provisoire jeudi, la progression de l'indice des prix à la consommation, tirée par la hausse des prix de l'énergie due à la guerre en Ukraine, s'établit en mars à 4,5% sur un an et à 1,4% sur un mois.
Actuellement de 1.603 euros brut par mois, le Smic devrait être compris dans une fourchette entre 1.641 et 1.647 euros au 1er mai. En net, il passerait de 1.269 euros à 1.299-1.304 euros, soit une augmentation de 30 à 35 euros.
Le Smic horaire brut passerait lui de 10,57 à 10,82-10,85 euros.
Alors que le Smic est revalorisé automatiquement le 1er janvier, la loi prévoit également une augmentation mécanique en cours d'année en cas d'inflation.
Celle-ci s'applique dès lors que l'indice des prix pour les 20% des ménages les plus modestes a progressé d'au moins 2% par rapport au niveau pris en compte lors de la dernière revalorisation.
Le Smic est alors augmenté dans les mêmes proportions.
Or les chiffres publiés jeudi montrent que cet indice a dépassé ce seuil des 2% en mars par rapport à novembre, mois de référence pour la dernière revalorisation intervenue en janvier.
En outre, comme le soulignait dès la mi-mars le chef du département de la conjoncture de l'Insee Julien Pouget, l'indice des prix pour les ménages modestes augmente plus vite que l'indice global "compte tenu de la pondération de l'énergie et de l'alimentation dans sa composition".
- "Ecrasement" des salaires -
Selon l'économiste Gilbert Cette, président du groupe d'experts sur le Smic consulté avant chaque revalorisation, "la France est le seul pays ayant un salaire minimum à prévoir une augmentation en cours d'année", en sus d'une revalorisation annuelle.
"Le pouvoir d'achat au salaire minimum est protégé", juge-t-il, avec en outre des mesures spécifiques comme la mise en place du bouclier tarifaire pour limiter l'impact de la hausse des prix du gaz et de l'électricité.
La troisième manière d'augmenter le Smic reste le "coup de pouce" gouvernemental, ce qui n'est plus intervenu depuis l'élection de François Hollande en 2012.
Ce coup de pouce est exclu par les deux candidats en tête des sondages, Emmanuel Macron et Marine Le Pen. En revanche, Jean-Luc Mélenchon (LFI) promet de porter le Smic à 1.400 euros net. Un niveau qui pourrait être automatiquement atteint en 2023 si l'inflation persiste.
Autre conséquence de la prochaine hausse du Smic, nombre de branches risquent de se retrouver avec des minima salariaux de grilles, définis par leurs conventions collectives, à nouveau dépassés par le Smic.
Selon M. Cette, "la moitié des grilles ont toujours au moins un minimum au niveau du Smic" en dépit des négociations de branche entamées ces derniers mois.
Début février, un accord avait été trouvé dans le secteur des hôtels, cafés et restaurants qui avait été mis sous pression par le gouvernement.
La CFDT réclame que ces branches rattrapées par la hausse du Smic soient contraintes d'ouvrir des négociations dans un délai de trois mois pour pouvoir continuer à bénéficier des exonérations de cotisations sociales pour les salaires inférieurs à 1,6 Smic.
La CGT, qui veut un Smic à 2.000 euros brut, propose elle que chaque hausse du Smic donne lieu à une revalorisation automatique des minima de branche, afin d'éviter un "écrasement" des salaires du bas de la grille.
C.Masood--DT