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Les pays producteurs de pétrole de l'Opep+ ont convenu jeudi d'une nouvelle ouverture modeste de leurs vannes d'or noir, ignorant les appels à alléger la pression sur les prix, induite par la guerre en Ukraine.
Les treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par Ryad, et leurs dix alliés conduits par Moscou (Opep+) ont convenu "d'ajuster à la hausse la production totale mensuelle de 432.000 barils par jour pour le mois de mai", a annoncé l'alliance dans un communiqué à l'issue d'une réunion éclair au résultat largement attendu.
Le cartel mentionne un "ajustement" pour des raisons techniques du plafond de référence, auparavant de 400.000 barils.
Avec cette décision, l'alliance ne dévie donc pas de sa ligne, amorcée au printemps 2021 à la faveur du redressement de la demande, après des coupes drastiques pour faire face au choc de la pandémie de Covid-19.
- Initiative américaine inédite -
Les analystes s'attendaient au statu quo malgré d'immenses attentes, le pétrole ayant tutoyé le 7 mars ses records historiques de prix atteints lors de la crise financière de 2008, dépassant les 130 dollars le baril. Depuis, les cours ont dévissé de leurs sommets.
Vers 12H30 GMT, le Brent de la mer du Nord, référence de l'or noir en Europe, chutait de 5,08% à 107,69 dollars le baril, quand le WTI américain cédait 5,43% à 101,96 dollars, lestés par des informations de presse sur un possible recours massif aux réserves stratégiques américaines.
La Maison Blanche devrait annoncer jeudi un plan pour y puiser jusqu'à un million de barils par jour, selon l'agence Bloomberg.
"Au total, jusqu'à 180 millions de barils devraient être sortis des réserves, ce qui serait sans précédent", détaille Carsten Fritsch, analyste pour Commerzbank. Si ce déblocage se produit effectivement, "le marché pétrolier ne serait plus sous-approvisionné".
Un possible changement total de paradigme, car la guerre a fait craindre des ruptures de livraisons du pétrole russe et provoqué une fébrilité extrême.
- Appels de toutes parts -
Mais pour l'Opep+ qui a vu le jour en 2016 dans l'optique d'une régulation du marché, "la volatilité actuelle n'est pas due aux fondamentaux, mais aux développements géopolitiques en cours", ont souligné ses membres dans le communiqué.
Ils restent donc impassibles devant les appels de la communauté internationale qui se sont intensifiés, notamment après la décision des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne d'arrêter d'importer du pétrole de Russie, deuxième plus grand exportateur de brut au monde derrière l'Arabie saoudite.
Le ministre allemand de l'Économie, Robert Habeck, avait lancé le lendemain aux pays exportateurs un "appel urgent à augmenter le niveau de production pour soulager le marché".
L'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui avait déjà qualifié de "décevantes" les décisions attentistes du cartel, a également exhorté l'Opep+ à être "du bon côté".
Même message du côté des pays du G7, tandis que le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est rendu à Ryad.
Mais rien n'y fait: les pays du Golfe résistent pour le moment aux demandes occidentales.
L'alliance Opep+, loin d'être déstabilisée par le conflit, apparaît plus solide que jamais. Elle est "là pour rester", a déclaré lundi le ministre émirati de l'Energie Suhail al-Mazrouei, déterminé à ne pas laisser "la politique" miner l'organisation.
Le ministre saoudien de l'Energie Abdulaziz ben Salmane a réitéré mardi son attachement à l'Opep+, arguant que si l'accord "n'existait pas, nous ne pourrions pas avoir de stabilité sur le marché de l'énergie" et "la volatilité des prix serait encore pire".
S'il a défendu la "culture" apolitique de l'Opep+, selon de nombreux experts, une intervention saoudienne sur les marchés serait perçue comme une trahison envers la Russie, l'empêchant d'user de ses exportations d'hydrocarbures pour faire pression sur les Occidentaux.
D.Naveed--DT