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Confronté à une grogne sociale inédite depuis son arrivée au pouvoir, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a dévoilé lundi 6 milliards d'euros d'aides directes pour les ménages et les entreprises, dont une baisse du prix des carburants.
Ce plan vise à compenser les conséquences économiques de la guerre en Ukraine qui a accentué la hausse des prix de l'énergie et sera adopté mardi en Conseil des ministres. Il "durera jusqu'au 30 juin" et inclura également "10 milliards d'euros" de crédits garantis par l'État, a précisé le Premier ministre socialiste lors d'un forum économique.
Parmi les mesures phares de ce plan d'aides, figure une subvention de 20 centimes d'euros sur les carburants, financée à hauteur de 15 centimes d'euros par l'État et de 5 centimes par les compagnies pétrolières.
Le gouvernement de gauche avait déjà annoncé jeudi un mécanisme similaire mais pour les seuls transporteurs routiers.
La mesure annoncée par M. Sanchez concerne cette fois l'ensemble des particuliers et des professionnels, alors que les prix à la pompe atteignaient en moyenne lundi de 1,84 à 1,98 euro pour l'essence et de 1,86 à 1,95 euro pour le diesel, selon le site spécialisé dieselogasolina.com.
Le plan prolonge par ailleurs jusqu'au 30 juin les baisses d'impôts en vigueur depuis l'été dernier et destinées à alléger les factures d'électricité. Elles incluent une baisse de la TVA sur l'énergie et la suspension de la taxe sur la production d'électricité.
Il intègre en outre 362 millions d'euros d'aides pour le secteur de l'agriculture, 68 millions pour la pêche et l'aquaculture, et prévoit une limitation à 2% des hausses des loyers, ainsi qu'une augmentation de 15% du montant du revenu minimum vital, versé aux familles les plus vulnérables.
En incluant les 10 milliards de crédits facilités par l'État, ce sont au total "16 milliards d'euros" qui seront mobilisés pour "amortir l'impact de la crise sur les familles et les entreprises" espagnoles, a souligné Pedro Sanchez.
- Grogne sociale -
La première formation d'opposition, le Parti populaire (PP, droite), a critiqué l'absence de baisses d'impôts d'envergure.
Son futur chef, Alberto Nuñez Feijoo, seul candidat pour prendre la tête du parti lors du congrès des 1er et 2 avril, a exigé du gouvernement "qu'il nous explique exactement ce qui va être fait (pour baisser les prix) après un an d'augmentation des prix de 7,6%" en février, un record depuis 35 ans.
L'association de consommateurs Facua a elle jugé "insuffisant" le paquet de mesure annoncé par Pedro Sanchez.
Le Premier ministre, confronté depuis plusieurs semaines à un mouvement de grogne sociale inédit depuis son arrivée au pouvoir en 2018, avait annoncé ce "plan d'aides national" dès le 2 mars, mais sans en dévoiler l'ampleur ni le contenu.
Il souhaitait en effet négocier au préalable des mesures sur l'énergie avec ses partenaires européens qui ont accordé, à l'issue de leur sommet vendredi, un régime dérogatoire à l'Espagne et au Portugal pour qu'ils puissent réduire le prix du gaz utilisé pour produire de l'électricité.
Cette mesure "va nous permettre" de "faire baisser de façon significative les prix de l'électricité", a insisté lundi M. Sanchez, qui a prévu de présenter "cette semaine" à la Commission européenne son mécanisme "temporaire" de fixation des prix.
L'Espagne, confrontée depuis le 14 mars à une grève illimitée d'un collectif minoritaire de transporteurs routiers, a aussi fait face la semaine dernière à la grogne des pêcheurs, ainsi qu'à celle des agriculteurs touchés de plein fouet par la hausse du coût des engrais et des carburants.
Malgré la mise sur la table vendredi d'un milliard d'euros pour réduire le prix du diesel, le gouvernement n'est pas parvenu à mettre fin à la grève des routiers qui se poursuivait lundi. Ce mouvement a vidé les rayons de certains supermarchés et obligé de nombreuses entreprises à suspendre leur production.
C.Akbar--DT