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Les Etats de l'UE ont décidé vendredi de donner mandat à la Commission européenne pour effectuer des achats de gaz groupés, sur le modèle des commandes de vaccins anti-Covid, alors que la guerre en Ukraine fait flamber les prix de l'énergie.
Les Vingt-Sept et la Commission "vont, de façon urgente, travailler ensemble à des achats volontaires de gaz, de gaz naturel liquéfié (GNL) et d'hydrogène", en tirant profit du poids économique de l'UE pour bénéficier de prix avantageux, selon les conclusions du sommet de Bruxelles.
"L'achat groupé, la capacité à définir ensemble des contrats longs, est le meilleur instrument pour faire baisser les prix", a fait valoir le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse.
"La Commission peut agréger jusqu'à 75% des achats de gaz", soit en renégociant les contrats existants ou en en concluant de nouveaux, a précisé M. Macron, dont le pays occupe la présidence semestrielle de l'UE.
"Nous nous sommes entendus sur le fait que c'est une opportunité qui permet de coopérer volontairement pour les achats de gaz", a-t-il observé devant la presse.
"Bien entendu, quand on regarde des cas particuliers, cela peut être compliqué, très compliqué, parce qu'il existe des entreprises privées partout en Europe", engagées dans des contrats, "qui achètent du gaz en leur nom et entendent continuer", a-t-il expliqué.
Soucieux d'isoler Moscou et de priver la Russie de sources de revenus après son invasion de l'Ukraine, Bruxelles veut réduire des deux-tiers dès cette année les achats européens de gaz russe.
En regroupant les demandes, Bruxelles entend aussi faciliter les contacts avec les fournisseurs internationaux afin de diversifier les sources d'approvisionnement.
La Commission négocie déjà avec les principaux pays producteurs (Norvège, Qatar, Algérie) et annoncé vendredi un accord avec les Etats-Unis pour que ceux-ci augmentent leurs livraisons de gaz naturel liquéfié.
La plateforme d'achats en commun de l'UE "sera ouverte aux pays des Balkans occidentaux" ainsi qu'aux trois Etats liés à l'UE par des accords d'association (Moldavie, Ukraine, Géorgie), précisent les conclusions.
En revanche, les Européens ont affiché leurs divisions sur des propositions de la Commission pour limiter la hausse des prix de l'énergie.
Portugal, Espagne, Italie, Grèce, Belgique et France sont favorables au plafonnement et réclament une réforme du marché européen de l'électricité, où les prix de gros dépendent aujourd'hui de ceux du gaz.
Plusieurs Etats (Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Danemark...) y sont farouchement hostiles, préférant tabler sur la libre-concurrence, des mesures d'efficacité énergétique ou des interconnexions de réseaux renforcées sur le continent.
"L'Allemagne et d'autres pays restent très sceptiques sur tout interventionnisme sur le marché: on risque de mettre en péril nos approvisionnements sans avoir d'effet durable sur les prix", a estimé à l'issue du sommet le chancelier allemand Olaf Scholz.
Le marché européen "est complexe et recouvre des milliers de contrats, des centaines d'acteurs, avec des différences énormes entre les régions", a fait valoir son homologue néerlandais Mark Rutte.
L'UE a cependant accepté vendredi d'accorder un régime dérogatoire à l'Espagne et au Portugal, autorisés à réduire le prix du gaz utilisé pour produire de l'électricité, car les deux pays souffrent d'un manque d'interconnexions avec le reste du continent.
F.A.Dsouza--DT