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Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi est arrivé jeudi à Kaboul, pour une première visite en Afghanistan depuis la prise du pouvoir par les talibans.
Le chef de la diplomatie chinoise doit "rencontrer des responsables de l'Emirat islamique" (le nom du régime taliban), a indiqué dans un tweet Ahmad Yasir, un responsable du gouvernement de Kaboul.
Accueilli à l'aéroport par son homologue afghan Amir Khan Muttaqi, M. Wang est arrivé en provenance d'Islamabad où il a assisté à une réunion de l'Organisation de la coopération islamique (OCI).
Avant la conquête de Kaboul par les talibans le 15 août dernier, Pékin a cherché à maintenir des liens avec le groupe de fondamentalistes islamistes alors que les forces américaines et de l'Otan se retiraient d'Afghanistan.
Cette visite intervient une semaine avant une réunion prévue à Pékin avec les pays frontaliers de l'Afghanistan, particulièrement le Pakistan, pour discuter de l'aide à apporter au nouveau régime taliban et de nouveaux projets économiques.
L'Afghanistan plongé dans une grave crise financière et humanitaire, provoquée par le gel de milliards d'avoirs détenus à l'étranger et l'arrêt brutal de l'aide internationale qui portait le pays à bout de bras depuis 20 ans, et qui revient désormais au compte-gouttes.
La Chine partage une petite frontière de 76 kilomètres à très haute altitude avec l'Afghanistan, mais Pékin craint depuis longtemps que son voisin ne devienne un base de repli pour les séparatistes et islamistes de l'ethnie locale ouïghoure.
Maintenir la stabilité après des décennies de guerre en Afghanistan est la principale considération de Pékin, qui cherche à sécuriser ses frontières et ses investissements dans les infrastructures stratégiques au Pakistan voisin, qui abrite le corridor économique Chine-Pakistan.
Pour Pékin, une administration stable et coopérative à Kaboul ouvrirait également la voie à une expansion de son grand projet d'infrastructures des "Nouvelles routes de la soie", auquel s'est rallié l'Afghanistan en 2016.
De leur côté, les talibans ont également exprimé à plusieurs reprises leur souhait de développer de bonnes relations avec la Chine.
Ils considèrent la Chine comme une source cruciale d'investissement et de soutien économique, que ce soit directement ou via le Pakistan.
Pékin avait obtenu dès 2007 la concession de la mine géante de cuivre d'Aynak (le deuxième gisement mondial), près de la capitale afghane, pour 3 milliards de dollars.
L'Afghanistan possède également d'énormes réserves de lithium qui pourraient attiser les convoitises des entreprises chinoises, la Chine étant le premier producteur mondial de véhicules électriques.
Contrairement à plusieurs puissances occidentales, la Chine a maintenu ouverte son ambassade à Kaboul et son ambassadeur est toujours présent dans la capitale afghane.
Pékin a tout de même rapatrié 210 de ses ressortissants juste avant la prise de la capitale par les talibans.
Aucun pays n'a jusque-là reconnu officiellement le nouveau régime de Kaboul.
F.Saeed--DT