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Le Sénat argentin a approuvé jeudi définitivement l'accord entre Buenos Aires et le FMI sur le refinancement de la dette du pays, dégageant son horizon financier à court terme, tout en lui laissant un sérieux défi inflationniste.
La Chambre haute, après la Chambre des députés, a donné son feu vert à une une résolution approuvant le programme de refinancement scellé le 3 mars par le gouvernement et le Fonds monétaire international (FMI) sur la dette de près de 45 milliards de dollars, legs d'un prêt record contracté en 2018 par le précédent gouvernement du libéral Mauricio Macri.
Hors du Sénat, plusieurs centaines de personnes ont manifesté, à l'appel de secteurs syndicaux et de gauche opposés au règlement de la dette.
Il y a une semaine, l'accord sur la dette avait été approuvé par la Chambre des députés, faisant l'objet d'un large consensus transpartisan, rare en Argentine, entre le groupe de la coalition au pouvoir de centre-gauche et l'opposition de centre-droit.
Face au spectre d'un défaut de paiement si l'accord n'était pas approuvé et donc inapplicable, le même consensus a prévalu au Sénat.
"C'est la responsabilité de notre gouvernement de bâtir des certitudes dans un contexte d'incertitudes", a plaidé le ministre de l'Économie Martin Guzman, grand artisan de l'accord sur la dette avec le FMI, en le défendant devant les sénateurs.
L'accord entre l’Argentine et le fonds prévoit une série de mesures macro-économiques pour maîtriser l'inflation chronique du pays (50,9% en 2021) et réduire son déficit budgétaire (3% du PIB en 2021) jusqu'à l'équilibre en 2025. Le tout sous suivi régulier du Fonds.
En contrepartie, le remboursement de la dette ne débutera qu'en 2026, après une période de grâce de quatre ans, pour s'étaler jusqu'en 2034. Le temps, estime Buenos Aires, d'ancrer une croissance soutenue (après 10,3% en 2021) génératrice de recettes.
Faute d'accord, l'Argentine aurait été confrontée à des échéances impayables pour elle de plus de 19 milliards de dollars en 2022, autant en 2023, et environ 4 milliards en 2024.
Pour autant, l'onde de choc du conflit en Ukraine pourrait déjà mettre à mal les objectifs anti-inflationnistes de l'Argentine, a reconnu jeudi le porte-parole du Fonds Gerry Rice.
Ce "sera bien sûr une tâche difficile compte tenu de l'évolution de la situation mondiale, car la hausse des prix des matières premières affecte l'inflation dans le monde entier", et "l'Argentine, comme d'autres économies émergentes, est déjà affectée", a-t-il déclaré.
L'Argentine a enregistré en janvier et février une inflation cumulée de 8,8%, soit 52,3% sur les 12 derniers mois, de mauvais augure pour l'objectif de réduire l'inflation dans une fourchette de 38 à 48% en 2022. Contre 50,9% en 2021.
Les équipes du FMI, a souligné Gerry Rice, "examinent l'impact potentiel (de la guerre) sur la croissance, les comptes externes et l'équilibre budgétaire" de l'Argentine.
F.Damodaran--DT