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"Plus de salaires! Moins de précaires!": à moins d'un mois de la présidentielle, des milliers de manifestants ont battu le pavé jeudi pour réclamer une revalorisation des salaires, avec des rangs pas très fournis dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine.
"Plus de 150 points de rassemblement" avaient été recensés par la CGT, à l'appel d'une intersyndicale avec la FSU, Solidaires, Unsa et plusieurs organisations lycéennes.
A Paris, le cortège - aux rangs distendus - s'est élancé en début d'après-midi de la place de la République vers Chaussée d'Antin - La Fayette, derrière une banderole: "exigeons l'augmentation des salaires, des retraites et des minima sociaux".
"Il faut augmenter les salaires d'urgence", a plaidé le numéro un de la CGT Philippe Martinez, s'inquiétant de la "petite musique face aux événements dramatiques et la guerre en Ukraine" sur les difficultés vécues par les entreprises. Il a noté que "2021 a été une année record des bénéfices des grosses entreprises, des dividendes versés aux actionnaires", malgré la crise liée au Covid-19.
Quant aux fonctionnaires, il a plaidé - après l'annonce lundi du dégel du point d'indice "avant l'été" -, pour que le rattrapage "soit au niveau des pertes accumulées depuis 12 ans", estimant que les agents ont perdu "au moins 10%".
Même "urgence" pointée par les représentants des autres syndicats, Guillaume Trichard, secrétaire général adjoint de l'Unsa évoquant une situation "explosive".
Simon Duteil, codélégué de Solidaires, a néanmoins admis que la mobilisation risquait d'être de moindre ampleur que la précédente journée d'action en janvier, ce qui "ne veut pas dire que cette question des salaires n'existe pas".
A 15H00, le ministère de l'Intérieur recensait 111 rassemblements pour 19.300 participants dans toute la France, hors Paris.
La journée du 27 janvier avait réuni 89.000 manifestants en France selon les autorités, plus de 150.000 selon les organisateurs.
Côté agents publics, l'appel à la mobilisation semblait peu suivi, avec un taux de grévistes "inférieur à 2% à midi" dans la fonction publique d'Etat, selon le ministère.
Peu de perturbations étaient constatées dans les transports, sauf dans l'est de la France où seul un TGV sur deux circulait vers Strasbourg, Reims et Metz/Nancy. Les syndicats de la RATP réservent leurs forces pour une journée de grève le 25 mars.
Parmi les premiers cortèges à s'élancer, celui de Clermont-Ferrand a réuni environ 800 personnes, selon la CGT, sous une pluie fine. Avec l'inflation galopante, "vous prenez les hausses de l'essence, l'énergie, c'est infernal", a relevé parmi eux Emmanuel Serrer, agent Enedis de 54 ans.
A Rennes, ils étaient entre 550 (police) et 1.000 (syndicats) derrière une banderole: "la justice sociale, pas l'aumône", tandis qu'à Lyon, environ 900 personnes (préfecture) ont défilé.
A Dijon, ils n'étaient qu'une centaine. La guerre en Ukraine "écrase beaucoup de choses. C'est difficile", reconnaissait Fabian Clément (FSU).
A Besançon, environ 300 personnes (police et organisateurs) ont manifesté, quelques centaines à Toulouse, tandis qu'ils étaient environ 300 à Perpignan, quelque 500 à Strasbourg et encore 720 à Lille selon la préfecture. A Bordeaux, ils étaient entre 600 (police) et 2.000 (CGT).
- "On n'en veut pas" -
Dans le cortège parisien, auquel les candidats Fabien Roussel (PCF) et Philippe Poutou (NPA) ont pris part, un speaker au micro a crié son "soutien aux travailleurs et travailleuses ukrainiennes".
Certains manifestants se disaient "soucieux", comme Sabrina, 32 ans, conductrice de bus chez Transdev, constatant que "le coût de la vie quotidienne augmente significativement, pas les salaires".
Avec le conflit ukrainien, l'inflation, mesurée par l'Insee à 3,6% sur un an en février, pourrait encore accélérer. Le Smic pourrait en conséquence connaître une nouvelle revalorisation automatique "d'au moins 2%" dans les prochains mois.
La mobilisation se tenait en présence de l'Unsa, absente des précédentes journées, mais sans la confédération Force ouvrière, pourtant présente en janvier. C'est "dommage", a jugé le responsable de Solidaires, plaidant pour "l'unité la plus large possible".
Le dévoilement des projets de M. Macron concernant les retraites, avec un report de l'âge légal à 65 ans s'il est réélu, s'ajoutait aux motifs de colère jeudi.
"La retraite à 60 ans ça se discute pas, la retraite à 65 on n'en veut pas!", entendait-on dans le cortège parisien, peu ou prou à l'heure où Emmanuel Macron confirmait son projet.
Dans la manifestation lilloise, Didier Hurblain (CGT) jugeait qu'"aller jusqu'à 65 ans ça va être dur", ce boucher plaidant que "quand on arrive à 60 ans on mérite d’avoir un petit peu de bonheur".
Ce sujet devrait aussi animer le 1er-Mai, vers lequel se projettent déjà les leaders syndicaux.
Une manifestation des organisations syndicales de retraités est en outre prévue le 24 mars.
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H.Yousef--DT