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La Bourse de New York a ouvert en baisse jeudi, reprenant sa respiration après deux séances de hausse et de nouveau préoccupée par le regain de tension entre États-Unis et Russie sur l'Ukraine, davantage que par la hausse des taux de la banque centrale américaine (Réserve fédérale, Fed) la veille.
Vers 13H45 GMT, le Dow Jones cédait 0,26%, l'indice Nasdaq, à tonalité technologique, abandonnait 0,43%, et l'indice élargi S&P 500 perdait 0,25%.
"Le marché est orienté à la baisse, mais je ne crois pas que cela ait quoi que ce soit à voir avec la Fed", qui a relevé ses taux directeurs mercredi, a avancé Peter Cardillo, de Spartan Capital.
"Je pense que c'est davantage lié aux déclarations entre Biden et Poutine, et bien sûr, à la guerre", a-t-il expliqué.
Le président américain Joe Biden a, en effet, qualifié son homologue russe de "criminel de guerre", des propos que le Kremlin a jugés "inacceptables et impardonnables".
Après le bombardement par l'aviation russe, mercredi, d'un théâtre de Marioupol dans lequel plus d'un millier de civils s'étaient réfugiés, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé que "la Russie (était) devenue un État terroriste".
"Les investisseurs semblent avoir perdu de leur optimisme quant à une résolution du conflit à court terme", ont écrit, dans une note, les analystes de Schwab, "mais de nouveaux pourparlers sont prévus aujourd'hui" (jeudi).
Cette nouvelle détérioration du climat géopolitique ainsi que le rebond des cours du pétrole au-dessus de 100 dollars "donnent l'occasion aux investisseurs de prendre des bénéfices", selon Peter Cardillo.
Wall Street a bien digéré la première hausse des taux de la Fed depuis 2018, mais aussi le ton résolu de ses membres, qui prévoient sept relèvements successifs des taux en 2022.
"Le marché veut de la clarté", a souligné Peter Cardillo pour justifier la réaction positive des investisseurs à une annonce qui est plutôt de nature à crisper la Bourse, en théorie. "Maintenant, nous en avons, nous savons à quoi nous en tenir."
"Bien sûr", a-t-il poursuivi, "reste la question de savoir si cette position va commencer à faire baisser l'inflation".
La courbe des taux, qui va des échéances courtes aux longues, s'est considérablement aplatie après l'annonce de la Fed mercredi. Cela témoigne de craintes pour la croissance économique à moyen terme, voire d'une possible récession consécutive à un cycle de relèvements de taux d'intérêt.
"Quand l'inflation est trop élevée, c'est une bonne stratégie pour la Fed que d'annoncer plus de hausses que ce qu'attend le marché pour garder les choses sous contrôle", a estimé, dans une note, Chris Low, de FHN Financial. "Ils pourront toujours ralentir le rythme plus tard", a-t-il ajouté.
L'indice VIX, qui mesure la volatilité du marché, est redescendu à un niveau plus fréquenté depuis mi-février, soit avant le début de la guerre en Ukraine.
Les compagnies pétrolières bénéficiaient du rebond des cours de l'or noir. Occidental Petroleum (+7,38%) et Marathon Oil (+3,91%) étaient ainsi à la fête, de même que le gazier Cheniere Energy (+3,93%).
À l'inverse, après plusieurs séances fastes grâce à l'accélération du tourisme après deux années moroses, les compagnies aériennes reprenaient leur souffle. Delta Air Lines (-1,39%), American Airlines (-0,94%) ou United Airlines (-1,04%) étaient toutes dans le rouge.
Ralph Lauren profitait (+2,24% à 116,56 dollars) d'une note de JPMorgan qui prévoit que la marque d'habillement sera parmi les gagnants du retour progressif des salariés au bureau, en sortie de pandémie.
La place new-yorkaise a peu réagi à deux indicateurs macroéconomiques de bonne tenue, à savoir les nouvelles inscriptions au chômage (214.000), au plus bas niveau depuis le début de l'année, et l'indice d'activité manufacturière dans la région de Philadelphie, nettement meilleur qu'attendu (27,4 points contre 14 prévu).
C.Akbar--DT