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Les Bourses mondiales ont encore fléchi vendredi, particulièrement les indices européens, la poursuite et l'intensification des combats en Ukraine faisant craindre une récession économique en Europe.
Paris a chuté de 4,97% à 6.061,66 points, Francfort de 4,41% et Milan de 6,24%, bouclant leur pire séance et leur pire semaine depuis l'annonce du premier confinement en mars 2020. Sur la semaine, elles perdent plus de 10% chacune.
Londres, plus résistante depuis le début de l'année, a lâché 3,48% sur la journée.
La Bourse de New York a reculé plus modestement, l'économie américaine étant moins exposée à la Russie: le Dow Jones a perdu 0,53%, le Nasdaq a lâché 1,66% et le S&P 500, 0,79%.
Autre signe de faiblesse en Europe, la monnaie unique perdait 1,36% à 1,0915 dollar vers 20H25 GMT (21H25 à Paris) après avoir reculé à 1,0886 dollar, un niveau plus vu depuis les premiers mois de la pandémie de Covid-19 il y a deux ans.
L'armée russe occupait vendredi la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporojie (sud), la plus grande d'Europe, où des bombardements dans la nuit ont fait craindre une catastrophe.
"Poutine est de plus en plus désespéré d'obtenir une victoire face aux nombreux revers et il y a peu de signes qu'il soit enclin à reculer", analyse Michael Hewson, de CMC Markets.
Face à cet enlisement du conflit, "les investisseurs craignent de plus en plus les risques de récession et d'escalade", a commenté Craig Erlam, analyste chez Oanda.
"Le marché anticipe que les bénéfices des entreprises vont se replier, il intègre désormais des éléments de récession", confirme Alexandre Baradez, analyste d'IG France.
Les valeurs refuge restaient à de hauts niveaux: l'once d'or évoluait à 1.965 dollars (+1,48%). L'emprunt d'Etat américain à 10 ans reculait pour s'établir à 1,73%, contre 1,84% jeudi à la clôture. Le taux allemand à 10 ans, qui fait référence en Europe, repassait en négatif (-0,08% contre +0,02% la veille à la clôture).
Les investisseurs ont ignoré les derniers chiffres du marché de l'emploi américain, qui sont ressortis supérieurs aux anticipations des analystes.
"Pour le marché, ce sont des indicateurs du passé qui n'ont presque plus aucune signification vu le contexte actuel", explique M. Baradez.
Nouvelle flambée des matières premières
Après un léger répit d'un jour, les prix du pétrole sont repartis à la hausse vendredi.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a clôturé à 118,11 dollars, un niveau qu'il n'avait plus atteint depuis août 2008, galvanisé par l'arrêt, de facto, des exportations russes.
A New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) avec échéance en avril, a lui fait un bond de 7,43% vendredi, pour terminer à 115,68 dollars, une première depuis septembre 2008.
La crainte de perturbations des exportations en provenance de Russie, qui fournit 40% des importations de gaz européen, a fait grimper la référence du marché en Europe, le TTF néerlandais, à un nouveau record, à 213,895 euros le mégawattheure (MWh).
Le blé et le maïs ont eux aussi battu des records sur le marché européen, l'Ukraine étant un pays central dans l'approvisionnement de matières premières agricoles.
"La hausse des prix des produits agricoles de base est particulièrement inquiétante, étant donné que la dernière fois qu'ils ont atteint ces niveaux, nous avons eu le printemps arabe", s'inquiète Michael Hewson.
Le nickel, dont la Russie est également un grand producteur, a dépassé la barre des 30.000 dollars la tonne, une première depuis 2008.
L'exposition à la Russie pénalise
Les entreprises les plus exposées à la Russie sont forcément les plus pénalisées. A Paris, Société Générale a chuté de 10,03% et Alstom de 9,04%.
A Francfort, Uniper, qui participait à la construction du gazoduc Nord Stream 2, a cédé 11,85%. Les banques, dont la Commerzbank (-10,27%), et l'automobile, comme Volkswagen (-6,99%), ont également souffert.
A Milan, les chutes de l'opérateur Telecom Italia (-15,56%), de la banque Unicredit (-14,59) ou d'Intesa San Paolo (-7,30%) ont également pesé sur la cote.
Entre les prix des carburants et l'inquiétude géopolitique, les titres de compagnies aériennes américaines sont tombés de haut comme United Airlines (-9,07% à 36,71 dollars) ou American Airlines (-7,13% à 14,59 dollars).
Par ailleurs, le bitcoin cédait quelques gains de la semaine (-6,06%) à 39.545 dollars.
O.Mehta--DT